PNG Womens National Team

Collectif Pasifika : les footballeuses s'unissent pour façonner le football féminin dans le Pacifique

Nouvelles

Partager cette citation

Fermer
PNG Womens National Team
  • Le collectif des joueuses Pasifika a été lancé lors de l'assemblée générale de division de la FIFPRO Asie/Océanie le mois dernier.

  • Les objectifs collectifs visent à coordonner l'action et à aider les acteurs à faire pression en faveur du changement, de l'égalité et de conditions de travail plus équitables.

  • Le collectif est un premier pas vers la collaboration des footballeurs Pasifika, la NZPFA contribuant à la mise en place de l'infrastructure.

Le succès de la Coupe du monde féminine 2023 a notamment mis en lumière la croissance et le potentiel du football féminin en Océanie. Mais pour de nombreuses équipes nationales féminines de la Confédération du football d’Océanie, notamment celles des îles du Pacifique, même les conditions de travail les plus élémentaires ne sont pas réunies.

Tel est ce qui a inspiré la création d’un collectif des joueuses Pasifika qui vise à coordonner les actions afin d’aider les joueuses à s’unir pour faire pression en faveur du changement, de l’égalité et de conditions de travail plus justes.

Le collectif des joueuses Pasifika a été lancé lors de l’assemblée générale de la division Asie/Océanie de la FIFPRO à Auckland, en Nouvelle-Zélande, le mois dernier, avec un panel composé des internationales Lucy Maino (Papouasie–Nouvelle-Guinée), TJ Lyne-Lewis (Samoa) et TJ Hetherington (Îles Cook).

Bien qu’elles représentent différentes équipes nationales du Pacifique, les histoires des joueuses se font écho : des primes limitées de la part de leurs fédérations respectives pour leurs services, aucune indemnisation pour leur temps passé loin de leur travail ou de leurs études malgré leur participation à des compétitions qui peuvent durer des semaines et des conditions inégales si on les compare à celles de leurs homologues masculins.

Ce collectif est une première étape pour les footballeuses Pasifika qui collaborent, avec l’aide de la NZPFA, à la mise en place de l’infrastructure. « L’une des choses qu’il faut constamment souligner, c’est que nous n’en sommes pas encore là », a déclaré l’ancienne internationale néo-zélandaise Kristy Hill, qui accueillait le panel à Auckland.

GA2023 Player Collective
Lucy Maino (Papouasie-Nouvelle-Guinée), TJ Lyne-Lewis (Samoa) et TJ Hetherington (Îles Cook)
Pasifika Women Collective 3
TJ Hetherington
Pasifika Collective
Le collectif des joueuses Pasifika a été lancé lors de l'assemblée générale de division de la FIFPRO Asie/Océanie à Auckland, en Nouvelle-Zélande.

« Nous avons dû créer quelque chose qui est, je pense, un peu hybride, parce qu’il y a un besoin urgent de protéger les filles et les femmes et de soutenir la génération actuelle. Nous comprenons et savons que ce que nous avons aujourd’hui n’est qu’un point dans le temps, et que l’objectif ultime est d’avoir les bonnes fondations et le personnel adéquat qui y travaille. »

La FIFPRO s’est entretenue avec Maino, la défenseuse de l’équipe de Papouasie–Nouvelle-Guinée, qui a aidé son pays à atteindre les barrages inter-confédérations de la Coupe du monde féminine en début d’année, pour parler des défis auxquels sont confrontées les internationales féminines des îles du Pacifique et des premiers pas du collectif.

Lucy, peux-tu nous parler un peu de ton parcours ?

Je suis née et j’ai grandi en Papouasie–Nouvelle-Guinée. J’ai commencé à jouer au football à l’âge de 7 ans, et juste avant mon 16e anniversaire, j’ai déménagé en Californie, aux États-Unis, où j’ai terminé mes études secondaires. J’ai obtenu une bourse de football à l’Université d’Hawaï à Hilo et j’ai été diplômée en 2019. En 2015, j’ai intégré l’équipe nationale féminine de la PNG, et depuis lors, je suis fière de porter ce maillot. Nous participerons aux Jeux du Pacifique [NDLR : événement multisports organisé en Océanie tous les quatre ans] qui se tiendront en novembre, et l’équipe nationale féminine de football a hâte de défendre sa médaille d’or.

Lucy Maino 1
Lucy Maino

Pouvez-vous nous parler de certains des problèmes auxquels vous avez été confrontée au cours des deux dernières années en tant qu’internationale féminine du Pacifique ?

Mes expériences à l’étranger m’ont donné un aperçu de la façon dont les choses se passent ailleurs et dans les pays développés. À mon retour en PNG en 2019, j’ai été frappée par les inégalités entre nos équipes nationales masculine et féminine. Par exemple, pendant les Jeux du Pacifique de 2019, l’équipe masculine était logée dans un beau pavillon de banlieue, tandis que nous étions hébergées dans un quartier bien moins agréable et dormions sur un matelas dur comme du bois. Nous nous entraînions, puis, au moment du petit-déjeuner, nous constations qu’il n’y avait pas de nourriture pour nous : celle des hommes devait être livrée en premier. Pour de nombreuses joueuses, c’était normal. Mais pour moi qui voyais cela pour la première fois, c’était étrange.

Lors de notre préparation pour les barrages de la Coupe du monde féminine en début d’année, il nous arrivait parfois de nous rendre à l’entraînement sans pouvoir accéder au terrain parce qu’un club masculin était déjà là et utilisait les installations. En tant que joueuses, nous essayons de nous qualifier pour la plus grande compétition de football et, en tant qu’équipe nationale, nous avions l’impression de ne pas avoir la priorité pour jouer.

PNG Women National Team 2
PNG women's national team

Pourquoi vous et les joueuses d’autres équipes nationales avez-vous ressenti le besoin de créer ce collectif des joueuses Pasifika ?

Tout a commencé lors de la Coupe des nations l’année dernière, en juillet, lorsque nous avons été présentées à la FIFPRO. Anna Green, de l’Association des footballeurs professionnels de Nouvelle-Zélande, s’est entretenue avec nous et cette discussion est arrivée à point nommé puisque nous avions eu quelques échanges avec la fédération quelques mois auparavant. À partir de là, nous avons gardé le contact et tout s’est vraiment accéléré après les barrages de la Coupe du monde féminine.

Les problèmes auxquels nous sommes confrontées en PNG sont également présents dans d’autres îles de la région. Et pour celles d’entre nous qui ont eu le privilège de découvrir comment les choses se passent à l’étranger, comme TJ [Lyne-Lewis] et moi-même, nous estimons que nous avons la responsabilité de dénoncer ces inégalités. C’est en étant ensemble et en partageant ces idées collectives avec plusieurs nationalités de la région que nous pouvons travailler main dans la main afin de nous assurer que les équipes nationales féminines du Pacifique puissent obtenir le strict minimum.

Pasifika Women Collective 2
TJ Lyne-Lewis
Lucy Maino 2
Lucy Maino (à gauche) en action
Anna Green Asia GA 2023
Anna Green

Que représente ce collectif pour les joueuses ?

Cette collaboration aidera les joueuses à œuvrer afin d’obtenir de meilleures conditions pour les équipes nationales du Pacifique. Voir d’autres femmes autochtones parler avec passion de ces questions me remplit de fierté en tant que femme des îles du Pacifique. Nous sommes avant tout des personnes, et le football n’est qu’une partie de notre vie ; en fait, ce n’est même pas un pour cent de la vie des footballeuses ici, qui ne perçoivent aucune indemnisation pour avoir représenté leur pays : que ce soit des mères qui laissent leurs enfants, des joueuses qui laissent leur travail ou des étudiantes qui laissent leurs études.

Il est important de reconnaître que nous avons une vie en dehors du football et que si nous sommes appelées à représenter notre pays en compétition sans percevoir aucune indemnisation pour notre temps, à notre retour, nous devrions au moins pouvoir compter sur certaines conditions : des opportunités d’emploi, des aides aux joueuses pour qu’elles entrent sur le marché du travail ou des aides aux joueuses étudiantes pour leur assurer qu’elles auront toujours une place dans leur école à leur retour malgré plusieurs semaines d’absence.

Il est encourageant de voir d’autres femmes du Pacifique tout aussi passionnées par la résolution de ces problèmes et je suis reconnaissante du fait que nous travaillions ensemble. Ce n’est peut-être pas la solution ultime aux défis auxquels nous sommes confrontées, il y aura sans aucun doute des tâtonnements, mais c’est néanmoins un pas dans le bon sens. C’est l’occasion pour nous de collaborer, d’améliorer le football féminin dans notre région et d’ouvrir la voie aux joueuses de demain. Et c’est exactement le genre d’héritage que je souhaite laisser derrière moi.