- De nombreux footballeurs musulmans du monde entier observeront le mois religieux du Ramadan, qui commence dans la nuit du dimanche 10 mars.
- Certains d'entre eux jeûneront au milieu de la saison et verront leur rythme habituel de repos et de récupération perturbé.
- Vincent Gouttebarge, médecin en chef de la FIFPRO, explique les considérations médicales entourant l'observance du ramadan par les footballeurs et souligne trois éléments clés pour stimuler la récupération d'un joueur.
Cette année, le Ramadan commence le dimanche 10 mars au soir et se termine le mardi 9 avril, et de nombreux joueurs musulmans du monde entier suivront ce mois religieux.
Le fait que certains joueurs jeûnent en milieu de saison et que leur rythme habituel de repos et de récupération soit perturbé soulève la question de savoir ce que l'industrie du football peut faire pour améliorer les conditions de travail des joueurs musulmans avant et pendant le mois de Ramadan.
Les syndicats de joueurs des pays à minorité musulmane, comme la PFA d'Angleterre, ont visité des clubs dans les semaines précédant le Ramadan avec des ateliers de sensibilisation destinés à aider les entraîneurs à soutenir les joueurs qui jeûnent pendant cette période.
Vincent Gouttebarge, médecin en chef de la FIFPRO et ancien footballeur professionnel, a joué 14 saisons en France et aux Pays-Bas. Le Prof. Dr. Gouttebarge explique les considérations médicales concernant l'observance du Ramadan par les footballeurs et met en avant trois éléments clés pour stimuler le rétablissement d'un joueur.
1. la nutrition
"Les athlètes ont généralement besoin d'au moins trois repas par jour pour s'entraîner et concourir à un haut niveau, et naturellement, les joueurs qui respectent le ramadan passent à deux repas, le plus important étant pris avant le lever du soleil afin de pouvoir continuer à manger tout au long de la journée. Idéalement, ce repas devrait être riche en aliments à forte teneur en glycémie - tels que les pommes de terre et le riz - qui sont riches en énergie, tandis que le repas qui suit le coucher du soleil devrait être composé d'aliments à faible teneur en glycémie. Des suppléments peuvent également être envisagés, mais le médecin du club doit être consulté".
2. L'hydratation
"L'hydratation peut être délicate, et nous conseillons aux joueurs de rester hydratés tout au long de la journée et de la nuit, dans la mesure du possible. Bien sûr, il n'est pas toujours possible de rester hydraté pendant la nuit, il s'agit donc de trouver l'équilibre entre une hydratation régulière et une bonne nuit de sommeil. Des stratégies de refroidissement peuvent être utilisées pour stopper la perte de liquide par la sueur, comme des serviettes froides et des bains de bouche à l'eau, tandis que des douches froides après la séance peuvent également contribuer à réduire la perte de liquide. Une supplémentation en sodium doit être envisagée, de même que l'évitement du café et du thé.
3. Sommeil
"Pendant le mois de Ramadan, le corps d'un joueur doit s'adapter à un programme biologique modifié. C'est pourquoi les troubles du sommeil peuvent avoir le plus grand impact. Leur horloge chronologique est différente de celle à laquelle ils sont habitués et, combiné au manque de nutrition et d'hydratation pendant la journée, cela peut être un défi pour la performance."
Autres questions fréquemment posées sur le ramadan
Le jeûne saisonnier présente-t-il des avantages ou des risques ?
"Jeûner pour être performant au niveau de l'élite n'est pas optimal, donc d'un point de vue physiologique, il n'y a pas de valeur ajoutée à jeûner pour être plus performant. Cependant, les joueurs qui jeûnent peuvent en tirer des avantages sur le plan mental dans la mesure où, comme ils savent qu'ils manquent d'énergie, l'élément spirituel du ramadan peut agir mentalement comme une source supplémentaire de motivation ou d'inspiration pour être plus performants.
"Il n'y a pas eu beaucoup d'études médicales sur l'effet du ramadan sur les blessures. Deux ont été menées, l'une au Qatar et l'autre en Tunisie, mais elles ont toutes deux suivi des méthodologies différentes et ont abouti à des résultats contradictoires sur la fréquence des blessures subies pendant le ramadan par rapport à une période normale. Ainsi, il n'existe actuellement aucun résultat clair et concluant montrant que le ramadan comporte un risque accru de blessure. Malgré ce manque de preuves, les joueurs et le personnel devraient faire preuve de prudence pendant cette période de l'année.
Quel soutien médical, nutritionnel et psychologique les clubs peuvent-ils apporter aux joueurs qui observent le ramadan ?
"Si les joueurs doivent comprendre les implications du ramadan sur les trois aspects clés que sont la nutrition, l'hydratation et le sommeil, les entraîneurs doivent également être informés et savoir comment ils peuvent modifier leurs programmes d'entraînement pour les joueurs qui se conforment au ramadan. Par exemple, si un joueur prend un repas copieux avant l'aube et jeûne toute la journée, l'entraîneur peut adapter l'entraînement de ce joueur, idéalement trois heures après le repas pour s'assurer qu'il a bien digéré.
"L'autre possibilité est que le joueur s'entraîne l'après-midi. Si un joueur s'entraîne à haute intensité l'après-midi, après une longue période sans boire ni manger, cela ne peut pas être bénéfique pour ses performances et sa santé. Par conséquent, la communication entre le joueur et l'équipe d'entraîneurs est très importante pour garantir une stratégie commune et une collaboration optimale.
