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Louis Everard

La FIFPRO a présenté un Comité directeur de 18 personnes, le plus diversifié des 57 ans d'histoire du syndicat mondial des joueurs, à l'occasion de son assemblée générale en novembre 2021.

Across the Board se propose de faire le portrait des 18 membres du comité. Cette fois, nous nous entretenons avec Louis Everard, directeur du syndicat des joueurs néerlandais VVCS (Vereniging van Contractspelers).

Louis Everard

  • Directeur général du syndicat des joueurs néerlandais VVCS depuis 2005
  • Membre du Comité directeur de la FIFPRO depuis 2005
  • Membre du CIAS
  • Juge unique de la Commission du Statut du joueur de la FIFA
  • Diplômé en sport et en droit de l'université de Leyde

Comment vous êtes-vous retrouvé dans un syndicat de footballeurs ?

« Je venais juste d'obtenir mon diplôme et j'ai atterri, par l'intermédiaire de mon professeur, dans la plus grande agence de marketing sportif des Pays-Bas, qui possédait également une agence sportive commerciale. J'y ai énormément appris en plus de trois ans. Par son intermédiaire, j'ai rencontré Theo van Seggelen, le président du VVCS de l'époque. Nous avions régulièrement des discussions incroyables, car je travaillais pour une entité commerciale et lui pour le syndicat. En 1993, Theo m'a demandé si je voulais rejoindre le VVCS en tant que juriste.

Au VVCS, j'ai été de plus en plus actif, et lorsque Theo a officiellement rejoint la FIFPRO en tant que secrétaire général en 2005, j'ai été nommé directeur et j'ai accédé au Comité directeur de la FIFPRO.

Louis Everard 01 (1)

Pouvez-vous citer quelques-unes de vos réalisations avec le VVCS ?

Nous avons réussi à rendre le VVCS financièrement sain, en partie grâce au partenariat réussi avec l'agence Soccer Vision. Pendant des années, nous avons reçu sur notre bureau des piles de dossiers de joueurs qui n'avaient pas été correctement assistés par leurs agents et dont nous devions résoudre les problèmes. Alors nous nous sommes dit : « Et si nous nous y mettions nous-mêmes, dans les règles de l'art ? » Et ça a très bien marché.  

En partie grâce à ces revenus supplémentaires, nous avons considérablement développé nos services pour les joueurs avec, par exemple, notre portail carrières, Team VVCS pour les joueurs hors contrat, notre service de déclaration d'impôts, des conseils en matière d'endettement, une ligne d'assistance pour les problèmes de jeu et notre propre coach financier.

Une de nos initiatives et dont je suis très fier est l'Académie VVCS, qui permet aux joueurs d'étudier en ligne à leur convenance, même depuis l'étranger. Nous avons commencé en 2007 avec sept joueurs et nous avons maintenant entre 140 et 160 joueurs qui suivent des cours ou étudient chaque année. Vous retrouverez nos diplômés au niveau de la direction ou du conseil d'administration de nombreux clubs professionnels néerlandais.

Nous sommes actuellement en pourparlers avec la FIFPRO pour voir si nous pouvons également déployer l'Académie VVCS à l'échelle internationale pour les membres de la FIFPRO, car nos cours sont entièrement certifiés en Europe. 

Je suis également fier de notre convention collective. En octobre, nous avons conclu un accord de principe pour prolonger notre convention collective jusqu'en 2027. Nous avions accéléré le processus de négociation en hommage au directeur de la Fédération des clubs, en mauvaise santé et qui est malheureusement décédé quelques jours après la signature de l'accord.

Ceci témoignait des très bonnes relations que nous entretenons avec nos partenaires sociaux depuis de nombreuses années, et en fait avec toutes nos parties prenantes. Nous avons par exemple des échanges constants avec la KNVB, notre fédération de football, et nous avons d'excellentes relations avec les clubs.

Louis Everard Signing CBA

Quelle est votre vision pour la FIFPRO ?

La FIFPRO est là pour les syndicats. Il est très important que la FIFPRO soit là pour servir ses membres. Par ailleurs, la FIFPRO doit veiller à la qualité de ses membres. En tant qu'organisation, votre force dépend du maillon le plus faible, et c'est donc à la FIFPRO de développer les syndicats si nécessaire.

À mon avis, chaque syndicat doit être capable de se débrouiller financièrement et d'offrir une assistance juridique gratuite à ses joueurs à tous les niveaux. C’est une exigence de base.

Il est également important que les syndicats aient au moins une relation avec les parties prenantes, que les joueurs soient reconnus comme des employés et non comme des indépendants, et que nos syndicats introduisent un contrat standard pour les joueurs dans leur pays. Je vois régulièrement des contrats de joueurs que nous avons aidés à l'étranger, avec des clauses particulièrement choquantes.

Les syndicats qui n'ont pas encore atteint ce stade devraient recevoir le soutien de la FIFPRO pour se développer davantage.

Je suis un fervent militant de la FIFPRO comme centre de connaissances. Le service juridique de la FIFPRO en est un parfait exemple. Tous les membres peuvent faire appel aux connaissances de l'équipe. Ils sont remarquablement assistés par Roy Vermeer, Loic Alves, Alexandra Gomez Bruinewoud, Pauline Bove et Ivo Ouwehand.

La première des priorités pour la FIFPRO est de faire en sorte que le contrat des 60 000 footballeurs professionnels que nous représentons soit honoré et que leurs salaires soient payés. Peu importe comment, que nous le fassions avec l'aide de la FIFA ou de l'UEFA ou que nous obtenions l'aide de politiciens, pourvu que cela se fasse.

Et j’estime que nous avons besoin de l'aide de la FIFA à cette fin. Mais il y a différentes façons d'aider. La FIFA devrait par exemple faire comprendre à tous ses membres que tous les contrats conclus dans leur pays doivent être respectés. Dans le cas contraire, le pays concerné devrait en subir les conséquences.

Une bonne relation avec la FIFA est indispensable. Nous ne pouvons pas nous passer d'elle, et le Règlement sur le Statut et le Transfert des Joueurs est le fondement du football professionnel. La création de la Chambre de résolution des litiges est un excellent exemple de la manière dont les joueurs et leurs syndicats ont gagné en influence dans la résolution des litiges par le biais de la FIFA. C'est une étape formidable. Espérons que d'autres suivront bientôt.

Louis VVCS Frenkie De Jong

En début de mois, j’ai été nommé membre du Conseil International de l'Arbitrage en matière de Sport (CIAS). Cet organe est notamment chargé de surveiller l'indépendance du TAS. J'ai une liste assez longue de changements que nous voulons apporter. Je n'en citerai que quelques-uns : les frais d'arbitrage à verser au TAS dans les affaires concernant des joueurs doivent être réduits de manière drastique, car ils constituent aujourd'hui un obstacle à l'accès des joueurs à ce tribunal, un véritable fonds d'aide juridique pour les joueurs, et le TAS doit publier ses sentences plus rapidement.

Je suis le premier représentant de la FIFPRO au sein du CIAS, ce qui constitue un nouveau pas en avant pour notre organisation.

Qu'est-ce qui vous passionne dans votre travail ?

Pas un seul jour je ne me suis ennuyé. En effet, les joueurs savent vous surprendre à chaque fois et avec le VVCS, nous relevons constamment de nouveaux défis.  

Et j'aime également les débats. Je suis peut-être devenu un peu plus modéré, les chaises ne volent plus à travers la pièce, mais je suis toujours aussi passionné. J'ai énormément débattu avec les responsables de club et je m'en souviens avec plaisir. Certains reculent devant les débats houleux, moi je ne le fais jamais, car on se bat pour les intérêts des joueurs et sans lutte on n'arrive à rien. »