À propos
Michal Ravitz
Michal Ravitz est une ancienne footballeuse israélienne qui a remporté huit titres en championnat. Elle est actuellement entraîneure à l'Académie des jeunes femmes de l'Association israélienne de football, et elle a récemment participé à une étude sur les commotions cérébrales avec la FIFPRO et l'Organisation des joueurs de football israéliens.
Je souffre de maux de tête sévères, presque quotidiens, qui s'accompagnent d'une fatigue extrême, surtout au niveau des yeux. Les médecins n'ont su me dire exactement ce qui les provoquait, ni comment les arrêter, et ils m'ont seulement apporté des conseils sur la façon de vivre avec.
Quand je le peux, je m'allonge dans une pièce sombre et j'attends que la douleur passe, mais parfois, ce n'est pas possible et je fais la grimace, je supporte et je continue. Je fais en sorte que ça aille bien. J'apprécie ma vie d'entraîneure et de mère, mais je me demande souvent si ma carrière de joueuse a quelque chose à voir avec mon état actuel.
J'avais tout juste 18 ans lorsque j'ai subi mon premier grave traumatisme crânien, et c'était de loin le pire. J'en étais seulement au deuxième jour de mon service militaire. Après une période d'entraînement épuisante, et après de nombreuses demandes de ma part, j'ai finalement été autorisée à quitter le camp à 5 heures du matin pour voyager et participer à la finale des Jeux Maccabiah.
Malheureusement, mon match a été écourté. Au milieu de la première mi-temps, j'ai tenté une tête haute en même temps qu'une joueuse adverse, et j'ai été frappée au centre du corps, ce qui m'a fait basculer et atterrir en plein sur la tête. Je me souviens être restée allongée, incapable de me relever. Ce n'est que plus tard qu'on m'a dit que je n'avais pas bougé pendant 15 minutes.
Les commotions cérébrales et les coups de tête dans le football de haut niveau : Le projet pilote
Je n'ai pas réalisé l'étendue de ma blessure, et j'ai demandé à l'arbitre de reprendre le match - complètement inconsciente de ce qui venait de se passer - et tout le monde m'a regardé comme si j'étais folle.
Il s'est avéré que j'avais subi une commotion au second degré. Malgré les médicaments que l'hôpital m'a donnés, je me suis sentie mal pendant près de trois semaines. Une fois que j'ai commencé à me sentir mieux, j'ai recommencé à jouer, mais en tant que défenseuse centrale (un peu folle en plus), j'ai reçu beaucoup de coups, et parfois à la tête.
Vers la fin de ma carrière, lorsque le ballon me frappait durement à la tête, je voyais un éclair qui obscurcissait ma vision. Cela pouvait durer quelques heures. Je suis allée à l'hôpital plusieurs fois, mais on n'a rien pu me dire. Alors, j'ai fait avec et j'ai continué à jouer.
Je me demande maintenant si ces blessures ne sont pas à l'origine des maux de tête débilitants auxquels je dois faire face aujourd'hui. Si oui, que pouvons-nous faire pour éviter que cela ne se reproduise ?>
Ces expériences ont façonné qui je suis en tant qu'entraîneure, et je fais très attention aux joueuses à l'entraînement. Je leur enseigne la bonne façon de diriger un ballon, et encore, seulement avec des ballons mous. On ne peut pas prédire ce qu'elles feront sur le terrain. Dans l'action, elles iront chercher le ballon par tous les moyens, mais j'essaie de faire tout ce que je peux pour éviter d'éventuelles blessures graves.
Cela implique de me renseigner autant que possible sur les recherches les plus récentes au sujet des commotions cérébrales. J'ai la chance de travailler avec un excellent personnel médical, auquel je peux bien sûr m'en remettre et à qui je peux poser des questions. Mais je pense qu'il est également important de lire et d'apprendre autant que possible, afin de pouvoir prendre des décisions qui profitent à la santé de mes joueuses ainsi qu'à leurs performances.
Nous avons récemment pris part à un projet pilote avec Bioeye dans le cadre duquel les joueuses ont été équipées de capteurs de tête non intrusifs capables de détecter les mouvements associés aux commotions cérébrales. Après l'entraînement et les matchs, les joueurs passent un test pour mesurer la réactivité de leurs yeux, et à partir de ces données, nous sommes en mesure de voir si des dommages se sont produits.
J'ai trouvé l'expérience extrêmement intéressante, notamment parce que mes propres maux de tête sont liés à mon problème aux yeux, et c'était un privilège de participer à une étude qui, je l'espère sincèrement, apportera un changement radical pour le bien-être des joueurs.
Pour être honnête, si j'avais su la gravité que les blessures à la tête pouvaient avoir sur ma vie future, j'aurais pris exactement les mêmes décisions sur le terrain que lorsque je jouais.
Quand on est joueur, le football est tout. Si vous vous inquiétez constamment de votre santé ou de votre sécurité, vous ne pourrez jamais donner le meilleur de vous-même dans une rencontre. C'est pourquoi la responsabilité d'atténuer les risques de dommages potentiels liés aux commotions cérébrales doit incomber à celles et ceux qui se trouvent sur la ligne de touche.
Des programmes comme Bioeye permettraient aux médecins et aux entraîneurs de savoir quand un joueur peut jouer en toute sécurité, quand il doit être mis au repos pendant quelques semaines ou quand quelque chose ne va pas. Car, avouons-le, si vous demandez au joueur, son envie de jouer l'emportera probablement sur tout souci de santé, surtout s'il n'est pas immédiatement évident.
Mais aussi important que le football puisse paraître, il ne dure pas toujours et, au final, c'est votre santé qui doit être une priorité. La technologie dont nous disposons aujourd'hui dépasse déjà de loin ce que nous avions à notre disposition lorsque j'étais joueuse. Je ne regarde donc pas en arrière avec des regrets, et j'ai hâte de changer la donne pour les joueurs de demain.