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Football Medical
  • Lancée en octobre 2019, l'étude Drake Football est un projet sur 10 ans qui suit la santé des footballeurs

  • L'objectif initial est d'examiner le bien-être d'environ 170 hommes et femmes au cours de leur carrière et jusqu'à leur retraite

  • Vincent Gouttebarge, médecin-chef de la FIFRPO et ancien footballeur, est le chef du projet avec le professeur Gino Kerkhoffs, directeur du département de chirurgie orthopédique et de médecine sportive des centres médicaux de l'Université d'Amsterdam

2023 sera une année importante pour l'étude Drake Football.

Dans le cadre de son engagement en faveur de la santé des joueurs, la FIFPRO coordonne un projet novateur de dix ans axé sur la santé physique et mentale des footballeurs.

Lancée en 2019, l'Étude Drake Football suit le bien-être d'environ 170 footballeuses et footballeurs en commençant par leur carrière pour aller jusqu'à leur retraite.

Cette année devrait apporter de nouveaux éclairages sur les examens et sous-études qui ont eu lieu jusqu'à présent.

« Comme il s'agit d'un projet scientifique déroulé sur une longue période de suivi, il faut beaucoup de temps pour recueillir, analyser et interpréter les données. Mais cette année, nous pouvons nous attendre à des résultats bien meilleurs au niveau du projet et de quelques sous-études », confie le professeur Vincent Gouttebarge, médecin-chef de la FIFPRO.

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Le professeur Vincent Gouttebarge, médecin-chef de la FIFPRO.

L'étude s'intéresse prioritairement aux douleurs articulaires au niveau des chevilles, des hanches et des genoux chez les joueurs hommes, et à la façon dont elles peuvent avoir un impact sur leur bien-être à long terme.

La santé mentale est le premier point d'intérêt des joueuses, et l'étude cherche à explorer les symptômes tels que l'anxiété et la dépression qui sont souvent signalés par ces dernières.

« En ce qui concerne les autres domaines de la santé pertinents pour les joueurs, nous nous intéressons également à la cognition des joueurs via notamment des tests de mémoire. Ces tests sont répétés tous les deux ans », explique le Prof. Dr Gouttebarge, ancien défenseur d'Auxerre, de Volendam et de l'Almere City.

« Comme c'est quelque chose d'inédit, il sera intéressant de voir l'évolution de la cognition au fil des ans, que ce soit positivement ou négativement chez les joueurs.

« La partie la plus significative de l'étude au sujet des joueuses est peut-être liée au cycle menstruel, aux fonctions reproductives, à la contraception et à leur interférence avec les blessures. Ces points sont à l'ordre du jour de nombreux groupes de recherche dans le monde entier ».

Surcharge du calendrier et santé mentale après un tournoi

En mettant l'accent sur la santé cardiovasculaire, musculo-squelettique et mentale, l'Étude Drake Football pose la question des multiples effets d'une Coupe du monde à mi-saison sur les joueurs masculins de haut niveau.

Après le point culminant des finales mondiales, le 18 décembre, de nombreux joueurs basés en Europe, dans des pays comme l'Angleterre, l'Espagne et la France, ont repris un calendrier chargé de championnats et de coupes, sans la période de récupération qui a habituellement lieu après un tournoi international.

« Avec une Coupe du monde qui s'est terminée en décembre, nous tirons plus que jamais la sonnette d'alarme par rapport à la charge de travail des joueurs », a déclaré le professeur Dr Vincent Gouttebarge. « Il est clairement établi que les joueurs de haut niveau qui jouent de manière répétée et cumulative des matchs le week-end et en milieu de semaine encourent un risque plus élevé de blessure, en particulier de blessure des tissus musculaires, par rapport aux joueurs qui ne jouent qu'une fois par semaine.

« Il est également clairement prouvé que les championnats européens qui prévoient une véritable pause hivernale enregistrent un risque de blessure plus faible pour les joueurs par rapport à la Premier League anglaise, qui joue beaucoup de matchs pendant la période des fêtes.

« Voir des joueurs reprendre l'entraînement dans leur club quelques jours seulement après la Coupe du monde est quelque chose d'inquiétant et une pratique que nous ne voulons pas voir lorsqu'il s'agit de protéger la santé et les performances des joueurs.

Coupe du Monde de la FIFA: Le parcours de la charge de travail du joueur

À la veille de la Coupe du Monde 2022 au Qatar, la FIFPRO a publié un rapport analysant le programme intensif de bon nombre des 32 équipes nationales avant le tournoi et les conditions difficiles auxquelles les joueurs seront confrontés dans les semaines à venir.

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« Des groupes de recherche surveillent l'apparition de blessures. Nous pourrons comparer cette saison où une Coupe du monde a eu lieu en hiver, avec les saisons précédentes où il n'y en a pas eu. Nous verrons quelles données seront présentées, mais c'est inquiétant d'un point de vue physique et physiologique ».

Chose tout aussi préoccupante, le manque de temps de récupération mentale pour les joueurs qui sont relancés dans le football en club après la Coupe du monde.

Tout comme la récupération physique et physiologique, les joueurs ont également besoin d'une période de décompression avant une période plus longue de détachement cognitif pour récupérer suffisamment mentalement.

« Dans le football professionnel, en particulier au cours de la dernière décennie, la pression des supporters et des médias sur les joueurs s'est accrue, notamment sur les réseaux sociaux », a déclaré le professeur Dr Vincent Gouttebarge.

« Si les joueurs ne bénéficient pas de cette période de récupération et de régénération mentale, ils risquent de souffrir de surcharge et d'épuisement, ce qui n'est évidemment pas bon pour leur qualité de vie, ni pour leurs performances à court et à long terme.

« Cette période de récupération physique et mentale doit être assurée dans tout calendrier de match. Il est donc important que les différents organisateurs de compétitions communiquent entre eux et coordonnent leurs tournois respectifs afin que le joueur puisse bénéficier de ce temps suffisant pour récupérer ».

La santé en ligne de mire avant la Coupe du monde féminine

La surcharge du calendrier n'est toutefois pas l'apanage du football masculin. Des joueuses de haut niveau, comme Vivianne Miedema et Magdalena Eriksson, se sont exprimées le mois dernier sur la nécessité de mieux gérer la charge de travail en concertation avec les joueuses.

Étant donné que le coup d'envoi de la Coupe du monde de football féminin sera donné en juillet 2023, la charge de travail des joueuses de haut niveau est un sujet suivi de près par la FIFPRO, selon le professeur Dr Vincent Gouttebarge.

« Je pense que les principaux défis que devront relever certaines équipes à l'approche de la Coupe du monde de football féminin cette année seront les déplacements – surtout depuis l'hémisphère nord – et la charge de travail liée aux rencontres.

« Nous avons vu récemment des joueuses de haut niveau se blesser et s'exprimer sur le calendrier des matchs, ainsi que des managers. C'est quelque chose que nous suivons de près »

L'étude Drake Football est financée par la Fondation Drake et soutenue par les centres médicaux de l'université d'Amsterdam, le Mehiläinen (en Finlande et Push Sports (Pays-Bas).

Vincent Gouttebarge, médecin-chef de la FIFRPO et ancien footballeur, est le chef du projet avec le professeur Gino Kerkhoffs, directeur du département de chirurgie orthopédique et de médecine sportive des centres médicaux de l'Université d'Amsterdam.