- L'ancien milieu de terrain Ashley Rambanepasi (40 ans) possède une entreprise florissante au Zimbabwe qui livre des matériaux de construction
- Ancien international, il a marqué l'un des buts qui ont permis aux Warriors de se qualifier pour la phase finale de la Coupe d'Afrique des nations 2006
- Au sommet de sa carrière, un médecin lui avait annoncé qu'il ne pourrait plus jouer : il est revenu au football professionnel trois ans plus tard
Je me suis blessé au genou en jouant pour l'équipe U-17 du Zimbabwe. Des années plus tard, la blessure est réapparue. J'ai ensuite subi une autre opération, c'était en 2011. On m'a dit que je ne jouerais plus jamais, mais j'ai eu envie de revenir. Il m'a fallu beaucoup de temps pour me remettre et j'ai réussi à revenir en 2014. Mais la blessure m'a gêné, alors j'ai dû prendre ma retraite.
Un an après ma blessure, lorsque je me suis rendu compte que je ne me remettais pas très bien, j'ai commencé à revoir les choses. Je me suis interrogé sur ce que je devrais faire, sur ce que je savais faire ? J'avais une petite famille dont je devais m'occuper. J'avais un ami proche qui faisait de la livraison de matériaux de construction. Je suis allé vers lui et je lui ai demandé si je pouvais apprendre le métier. Et à partir de là, j'ai commencé à apprendre. Il m'a fallu environ un an pour vraiment apprendre les ficelles et bien connaître le secteur. Au début, ce n'était pas facile. Je ne gagnais pas d'argent. Mais chaque entreprise, chaque projet a ses propres défis. Et comme j'étais nouveau dans le métier, je n'avais pas beaucoup de revenus. C'était donc très difficile, très juste financièrement.
Regardez cette vidéo : Ashley Rambanepasi parle de sa nouvelle carrière.
À présent, je regrette de ne pas avoir commencé plus tôt. Avec le recul, si j'avais débuté à 19 ou 20 ans, je serais devenu beaucoup plus important que je ne le suis aujourd'hui. Mais bien sûr, on ne pense pas à ces choses-là quand on est jeune. L'autre problème est financier. En Afrique notamment, les revenus des joueurs ne sont pas vraiment très élevés. On a donc besoin d'une activité secondaire, ou d'une entreprise qui nous aidera une fois notre carrière de joueur terminée. Mais cela doit se faire pendant qu'on joue encore, pendant qu'on reçoit encore des fonds, afin d'avoir suffisamment d'argent pour lancer son entreprise.
Je vois beaucoup de joueurs qui ont des difficultés après leur carrière. Pendant celle-ci, on a de l'argent. On perçoit de l'argent du club, de l'équipe nationale, peut-être des sponsors. Mais si on n'a pas de plan B pour la suite, ce sera très difficile. Lorsqu'on joue, c'est le moment de penser à ces choses. Notre temps de travail est très réduit et on a beaucoup de temps libre. On s'entraîne deux heures, parfois même deux heures deux fois par jour. Mais le reste du temps est à nous. On a donc tout le temps de faire autre chose. Si l'on n'a rien à quoi se raccrocher après notre carrière de joueur, on aura du mal à assumer un travail normal de huit heures le matin à cinq heures le soir.
J'ai eu de la chance. Mon entreprise se porte bien. Nous livrons des matériaux de construction : sable de fosse, sable de rivière, poussière de roche et pierres de carrière, gravier, ciment et briques. Mon but est de me lancer dans les travaux de terrassement. Mais pour le moment, je suis heureux avec ce que j'ai. Je travaille avec deux chauffeurs, car j'ai trois camions.
J'aimerais employer d'anciens joueurs pour les aider à trouver leurs marques. Beaucoup de joueurs avec lesquels j'ai joué ont des difficultés. Ils n'ont pas de travail, mais ils ont des familles. Certains d'entre eux se sont tournés vers la drogue pour se faciliter les choses, mais cela ne fait que les empirer. Au Zimbabwe, il est très difficile pour un joueur de gagner suffisamment pour ne pas avoir à s'inquiéter de son avenir une fois sa carrière derrière lui.
FUZ, le syndicat des footballeurs du Zimbabwe, fait beaucoup pour diffuser ces informations. Il est difficile pour les joueurs d'accepter qu'ils doivent se projeter dans l'avenir lorsque les choses vont bien. Les joueurs ont parfois du mal à suivre les conseils. Je pense qu'il est très important pour le syndicat d'utiliser des personnes comme moi comme exemple. Pourquoi ? Parce que je suis l'un d'entre eux [les joueurs]. Ils me connaissent depuis que je suis petit. En grandissant, je faisais partie de la communauté. Je suis donc un exemple vivant parmi eux. Quand ils voient Lionel Messi et Cristiano Ronaldo, ils pensent à de grosses sommes d'argent, mais ils doivent se rendre compte que cela se passe en Europe. En Afrique, c'est différent. Ainsi, en regardant mon exemple, ils verront l'un d'entre eux, ils verront quelqu'un qui a grandi parmi eux.
Je pense que le syndicat contribue à changer les choses. Notre football est en train de changer, parce que la mentalité des joueurs change. Les joueurs suivent des formations et des ateliers, ce qui leur permet d'envisager la vie après le football. Il y a beaucoup de mauvais exemples, et les jeunes joueurs ne veulent pas tomber dans le même piège. Ils doivent donc avoir un plan B ».