Bonang Otlhagile (1)

Bonang Otlhagile : « Être mère n’implique pas de renoncer au football »

L'histoire du joueur

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Bonang Otlhagile (1)

Bonang Otlhagile, la capitaine de l’équipe nationale féminine du Botswana et vice-présidente du syndicat des footballeurs du Botswana, a récemment donné naissance à son deuxième enfant. La défenseuse de 36 ans a été parmi les premières à se mobiliser pour le respect du football féminin au Botswana.

Por Bonang Otlhagile

Quand j’ai commencé à jouer pour l’équipe nationale, les joueuses n’étaient pas très bien traitées : nous n’étions pas payées, et globalement, les conditions étaient précaires.

En 2015, nous avons joué un match à Madagascar que nous avons remporté 3 contre 1. Après le match, nous sommes rentrées au Botswana, où nous étions hébergées dans l’un des foyers de l’association. Quand nous sommes arrivées, les arbitres nous ont dit qu’aucun repas n’était prévu pour nous et que nous devions rentrer chez nous.

Je leur ai dit que c’était injuste de nous demander de rentrer chez nous ; nous avions besoin d’analyser le match et c’était dangereux pour les joueuses de voyager à cette heure-ci. Sans rien à manger et en plein milieu de la nuit, j’ai dit aux arbitres que l’équipe restait.

J’avais l’impression que l’association ne nous traitait pas bien, et ça faisait longtemps. J’ai parlé à l’équipe et nous nous sommes mises d’accord sur le fait qu’il fallait faire quelque chose.

J’ai dit aux joueuses que si certaines avaient peur d’être écartées de l’équipe à cause de cela, elles pourraient me le reprocher, moi, je n’avais pas peur, mais tout le monde a participé, même les jeunes joueuses. Nous avons enfilé nos maillots de l’équipe nationale et nous sommes rendues au parlement.

Quand nous sommes arrivées, j’ai dit aux joueuses de s’asseoir. Les agents de sécurité ont appelé le ministre des Sports. Il est venu nous voir et nous a demandé quel était le problème. Nous lui avons expliqué notre situation. Il a appelé le Conseil national des sports et leur a dit, ainsi qu’à l’association de football, qu’il fallait mieux nous traiter. Ils nous ont donné un bon repas et nous ont dit que nous devions rester au camp avant le match retour.

Depuis, les choses vont beaucoup mieux, et même si tout n’est pas parfait, les joueuses sont beaucoup mieux traitées.

Bonang Otlhagile
Crédit: FUB – Bonang Otlhagile en équipe internationale, recevant le prix du joueur du match
Bonang Otlhagile Africa GA
Bonang Otlhagile à l'assemblée générale de la division Afrique de la FIFPRO
Bonang Otlhagile Botswana
Bonang Otlhagile en action pour le Botswana contre le Nigeria

Je ne sais pas combien de temps encore je jouerai pour l’équipe nationale, j’approche de la fin de ma carrière et j’ai récemment donné naissance à mon deuxième enfant. Mais c’est une des raisons qui me poussent à ne pas prendre ma retraite tout de suite.

Beaucoup de jeunes joueuses me prennent pour modèle, et je ne veux pas qu’elles pensent que le fait d’être enceinte ou mère implique d’arrêter le football. C’est pour ça que je souhaite continuer à jouer pendant deux nouvelles saisons. Même si je ne suis pas retenue pour jouer dans l’équipe nationale, je continuerai à jouer dans mon club.

Je veux montrer aux jeunes joueuses qu’être enceinte ou mère n’implique pas de renoncer au football.

Je ne savais pas quoi faire quand j’étais enceinte de mon premier enfant. Je suis restée à la maison pendant trois mois parce que j’avais peur de m’entraîner. Je ne savais pas ce qui allait se passer.

Mais mon entraîneur m’a encouragée à reprendre l’entraînement et j’ai joué jusqu’à mon septième mois de grossesse, au moment où j’ai senti que c’était dangereux pour mon bébé si je me prenais un coup de ballon.

Pendant mon second congé maternité, j’ai mis mon temps à profit. J’ai assisté à des sessions de formation de l’UEFA, à un cours d’administration de la FIFA et à un cours pour devenir entraîneuse pour les jeunes. Il est important pour moi de rester occupée pendant cette période. Quand je mettrai fin à ma carrière, ou si jamais je ne peux pas retourner sur le terrain, ça me permettra d’être encore impliquée dans le monde du football.

Mais pour l’instant, je veux continuer à jouer pour que les joueuses sachent qu’elles n’ont pas à choisir entre être footballeuse et mère.