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Teresa Calleb
À propos

Teresa Calleb

L'ex capitaine du Kenya Teresa Calleb a été élue au comité directeur de la FIFPRO de la Division Afrique en juin. Calleb, qui a mis fin à sa carrière de joueuse en 2021, s'entretient avec la FIFPRO de son parcours et de sa vision du football féminin africain.

Mon parcours, dans le football, a commencé à l'école, mais je n'ai pu rejoindre aucun club avant d'avoir terminé mes études secondaires en 2007. Un jour, j'ai rencontré une ancienne camarade de classe qui m'a emmenée au Coastal Queens. Je jouais pieds nus, car je n'avais pas de tenue de jeu appropriée, et je me souviens de l'excitation. J'ai immédiatement été engagée et ma carrière de footballeur a décollé.

Après une saison, j'ai rejoint un grand club : le Spedag FC. Peu après, j'ai été appelée dans l'équipe nationale des moins de 20 ans du Kenya en vue des qualifications pour la Coupe du monde et j'ai également été sélectionnée pour rejoindre la National Youth Talent Academy (NYTA), un projet géré par le Ministère des Sports en partenariat avec l'UNICEF.

Tout se passait bien, mais ma famille s'inquiétait de savoir si je parviendrais à trouver un équilibre entre mes études et le football. J'ai étudié le journalisme et j'ai commencé à publier des articles sportifs tout en jouant pour gagner un revenu supplémentaire.

J'ai été un membre régulier de l'équipe nationale senior du Kenya de 2009 à 2016, sauf en 2013 durant mon congé de maternité. J'ai repris vers la fin de l'année 2014. Pendant cette période, j'ai été engagée à la fois comme journaliste numérique et comme informaticienne dans une agence de sécurité, ce qui exigeait une discipline de haut niveau. 

Ma carrière de footballeuse n'a peut-être pas consisté à jouer professionnellement en dehors de la ligue nationale, mais elle a servi de tremplin pour acquérir de nombreuses opportunités - à la fois des activités de renforcement des capacités et des opportunités d'emploi.

Teresa Calleb FIFPRO Africa

J'ai toujours été une joueuse qui dirige sur le terrain et en dehors. J'ai été capitaine de toutes les équipes pour lesquelles j'ai joué, y compris l'équipe nationale. Je n'étais peut-être pas la plus talentueuse, mais j'ai toujours été la plus assidue. Cela m'a valu le surnom de « Puyol » de la part de mon entraîneur.

Ce qui est remarquable dans mes relations avec mes coéquipiers, c'est qu'ils ont toujours compté sur moi pour exprimer leurs préoccupations et pour leur donner des conseils en groupe, puisque je suis psychologue de formation. 

Mon entraîneur m'a dit un jour d'arrêter de militer et de me contenter de jouer au football. J'avais beau essayer, mais il fallait que je propose des solutions, ou la situation dégénérait, qu'il s'agisse de suggestions sur la façon de nous motiver ou d'exprimer des préoccupations sur ce qui devrait être amélioré. 

J'aimais défendre nos droits et encourager mes coéquipières à suivre des cours ou même à investir leurs revenus dans une entreprise pendant que nous étions encore actives, après avoir réalisé que le football féminin était en phase de développement dans notre pays et qu'il faudrait du temps pour que nous puissions vraiment en vivre.

J'ai rejoint le syndicat des joueurs KEFWA en 2015. Je suis responsable de la communication et chargée du football féminin. Je cumule les deux fonctions sans effort, car j'ai suivi une formation d'expert en développement de la communication, et j'ai de l'expérience en matière de football féminin. 

J'ai également été impliquée dans d'autres organisations, comme le programme allemand « Sport pour le développement en Afrique » (S4DA), et des ONG comme Moving The Goalposts, où j'ai acquis de l'expérience dans la gestion de projets aux résultats stratégiques.

J'ai été très heureuse de rejoindre le comité directeur de la Division Afrique de la FIFPRO, un rêve devenu réalité. Lorsque cette occasion s'est présentée, j'ai été ravie car j'ai toujours aspiré à servir, en particulier à un niveau qui dépasse nos frontières.

C'est une véritable opportunité de développement et d'apprentissage, sans compter que je peux partager mes idées et avoir le plaisir de mener à bien les missions qui me sont confiées, ce que je suis heureuse de faire. Je pense que l'expérience et l'expertise que j'ai acquises au fil des ans en traitant avec les deux sexes me donneront les moyens d'accomplir aisément les tâches qui me sont confiées.

Cela me permettra également d'identifier les lacunes et les opportunités à exploiter dans le football féminin en Afrique. Je me suis rendu compte que le niveau d'alphabétisation des joueuses est toujours inférieur à la moyenne.

Certaines jouent en tant que professionnelles et ne touchent pas de salaire pendant des mois, mais elles n'ont pas la moindre idée de l'endroit où elles peuvent se faire représenter par un avocat sans encourir d'énormes frais, par exemple. De plus en plus de femmes adhèrent à l'idée d'adhérer à un syndicat si nous pouvons continuer à mettre en place des programmes de sensibilisation.

Je fais partie d'un réseau regroupant ex-footballeuses et footballeuses en activité ainsi que de journalistes qui couvrent le football féminin en Afrique, ce qui, je pense, sera très utile pour recueillir des informations en vue d'améliorer le football féminin, qui atteint actuellement des sommets.

La Coupe d'Afrique des Nations féminine de 2022 (WAFCON) a donné une image claire de l'évolution du football, à en juger par son niveau de compétitivité. Les joueuses africaines sont désormais visibles et ont eu l'occasion de disputer des matches professionnels sur d'autres continents. La professionnalisation des ligues féminines en Afrique changera la donne. 

Les syndicats de joueurs travaillent désormais en étroite collaboration avec les fédérations de football afin de négocier des salaires minimums et des contrats standard, ce qui ne manquera pas d'avoir un impact sur le football féminin, compte tenu des opportunités et des plateformes de visibilité dont bénéficieront les sponsors potentiels dans les compétitions continentales de clubs. 

Un marketing adéquat et la mobilisation des ressources constituent le principal obstacle pour le football féminin. On a longtemps prétendu que le football féminin n'attirait pas suffisamment les foules, mais si l'on en croit les records battus lors de la WAFCON 2022, si le football féminin est correctement exploité, tout ira pour le mieux.