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Le syndicat des joueurs portugais lutte contre le trafic de footballeurs

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  • Le syndicat des joueurs portugais collabore avec le gouvernement du pays pour lutter contre le trafic de footballeurs.
  • De faux agents incitent régulièrement les joueurs semi-professionnels à se rendre en Europe mais quand ils arrivent, ils trouvent des conditions humiliantes
  • Le syndicat SJPF demande une législation beaucoup plus stricte pour punir les escrocs

Le syndicat des joueurs portugais SJPF collabore avec le gouvernement et la fédération de football du pays pour lutter contre le trafic de footballeurs.

« Le Portugal est une porte d'entrée vers l'Europe », explique João Oliveira, avocat du syndicat des joueurs, qui a aidé des dizaines de joueurs étrangers arrivés avec de grandes espérances, mais confrontés à des conditions terribles, proches de l'esclavage. Des footballeurs d'Argentine, du Brésil, de Colombie et du Nigeria, par exemple.

Dans plusieurs cas, des personnes se faisant passer pour des agents ou des recruteurs ont promis à ces joueurs un contrat ou un essai dans un club. À leur arrivée au Portugal, après un long voyage, ils découvrent qu'ils ont été escroqués et ont besoin d'une aide financière pour rentrer chez eux.

Parfois, les joueurs sont trompés par le propriétaire ou l'agent d'un club pour signer un contrat d'assistant administratif dans un club de football amateur qu'ils contrôlent, ou dans une société dont l'activité n'est pas liée au football, afin d'obtenir un permis de travail. Arrivés de l'autre bout du monde, ils se retrouvent bloqués. Ils sont logés dans une maison avec d'autres joueurs étrangers, reçoivent un repas par jour et sont menacés s'ils se plaignent de ne pas recevoir de salaire.

Oliveira a recueilli bien des témoignages dramatiques. Les joueurs appellent le SJPF, disant qu'ils ont été abandonnés par leur agent, sans club, sans endroit où vivre, sans argent, avec peu de nourriture et sans visa valide.

« Ils sont jeunes, sans formation et démunis », raconte Oliveira. « La plupart d'entre eux n'ont jamais pratiqué le football professionnel, et n'ont probablement pas les qualités requises pour faire carrière ».

Au début de l'année, le service portugais de sécurité des frontières a déclaré avoir repéré 110 joueurs sans visa ou permis de travail valide. Selon lui, des représentants de dix clubs de ligue inférieure étaient impliqués dans des immigrations illégales.

« C'est un problème structurel dans le football portugais et il s'est intensifié ces dernières années. Des réseaux de trafic d'êtres humains sont parfois impliqués. »

“Notre gouvernement et la fédération de football en sont maintenant conscients et nous travaillons ensemble à le résoudre”

Le syndicat des joueurs a essayé d'aider ces victimes. Lorsqu'il apparaît clairement qu'un joueur ne peut pas rester au Portugal, il contacte l'ambassade du pays du joueur et demande son rapatriement. Le syndicat se charge de la nourriture et de l'hébergement, et parfois même des billets de retour.

Le SJPF s'est également engagé auprès d'autres organisations pour lutter contre ce fléau. Il a signé un protocole avec SOS TSH, un réseau de soutien aux victimes de la traite des êtres humains à Lisbonne.

Le syndicat a travaillé avec la fédération de football (FPF) pour adapter son règlement disciplinaire, qui stipule désormais que les propriétaires, les managers, les clubs et les agents peuvent être sanctionnés pour avoir manqué à leur devoir de diligence. À titre d'exemple, si un joueur sans visa ou permis de travail en règle s'entraîne dans un club, ce dernier s'expose à une sanction, que le joueur soit enregistré ou non. Les directeurs de club peuvent être suspendus jusqu'à deux ans et les agents peuvent perdre leur licence. En outre, les joueurs, y compris les amateurs, ne peuvent désormais plus être enregistrés auprès d'un club s'ils ne disposent pas d'un permis de séjour ou d'un visa valide.

Et récemment, le syndicat a demandé au gouvernement de mettre en place une législation et des enquêtes plus efficaces, car trop d'escrocs ou de trafiquants d'êtres humains ne sont pas poursuivis, explique M. Oliveira.

« Nous avons réussi à attirer l'attention sur ce problème. Notre gouvernement et la fédération de football en sont maintenant conscients et nous travaillons ensemble à le résoudre. »