Christy Manzinga 1

Christy Manzinga : « Mon amour pour le football est bien plus fort que des cris de singes »

L'histoire du joueur

Partager cette citation

Fermer
Christy Manzinga 1
Christy Manzinga
À propos

Christy Manzinga

Christy Manzinga est un attaquant du club hongrois Zalaegerszegi TE. En octobre, à l'occasion de deux matchs consécutifs, il a été la cible d'insultes racistes de la part de supporters du camp adverse. Son entraîneur, Ricardo Moniz, était tellement furieux qu'il a fait sortir son équipe du terrain pendant quelques minutes, ce qui a entraîné une suspension d'un mois pour l'entraîneur.

Tout a commencé à la fin de la première mi-temps de notre rencontre de coupe au Kazincbarcikai BSC. Les supporters ont crié en imitant des singes. J'étais sous le choc. Je n'avais jamais vécu ça de ma vie.

Puis trois jours plus tard, à domicile face à Honved, ça a recommencé.

Je me suis disputé avec un joueur et les cris de singe ont fusé.

Il y avait beaucoup de monde. Chaque fois que j'essayais de dire quelque chose à un joueur ou à l'arbitre, c'était comme s'ils disaient : « Toi, le joueur noir, tu n'as rien à dire. Il y a faute ? Ferme-la »

Je n’étais pas le seul joueur noir dans notre équipe, mais ces cris ne s'adressaient qu'à moi. Pourquoi ? Aucune idée... De retour chez moi, j'ai essayé de trouver une explication, mais je n'en ai trouvé aucune. C'est inadmissible dans un stade de football.

La deuxième fois, mon entraîneur en a eu assez. Il a fait sortir notre équipe du terrain.

Nous avons repris au bout de quelques minutes. Je voulais juste en finir avec ce match, tout le monde voulait en finir. Mais c'était une bonne décision de l'entraîneur de nous faire sortir. C'est le seul moyen de faire comprendre aux gens ce qui se passe. S'il ne l'avait pas fait, personne ne se serait intéressé à cette affaire. Personne. Alors que maintenant, les médias en parlent.

Je respecte sa décision. Il ne s'agit pas d'argent, de résultats ou de pertes. Il s'agit de droits de l'homme, de me respecter pour ce que je suis.

En tant qu'athlète professionnel, je me tue tous les jours à préparer le match, pour que ceux qui travaillent dur toute la semaine puissent apprécier ce match. Je suis ici pour vous rendre heureux, et c'est ainsi que vous me traitez ? C’est inadmissible. Je ne peux pas tolérer ce type de comportement.

J'ai reçu beaucoup de soutien de la part du club, de mes coéquipiers et de mon entraîneur. Ils portaient un maillot d'échauffement avec un message contre le racisme contre Ferencvaros. Le monde entier pouvait le voir. Voilà un bon soutien.

Christy Manzinga 2
Christy Manzinga 7
Christy Manzinga 6

Mentalement, je suis fort. C'est mon job, je dois continuer à travailler. Mais je ne peux pas imaginer que certains individus tiennent des propos racistes comme ça juste pour mettre quelqu'un en colère. Qui pourrait faire ça ? Ma conscience ne me permettrait pas de le faire. Mais c'est là qu'on réalise que les gens peuvent se détester, juste à cause de la couleur de leur peau... ce monde est dingue.

Ne faisons pas comme si j'étais le seul joueur à avoir été agressé. Je ne suis pas le premier, je pourrais en citer dix ou quinze autres. Ça se passe partout. Les injures racistes.

Quand ça arrive, les clubs doivent être sanctionnés par une amende ou un retrait de points. La sanction doit être sévère, sinon rien ne changera.

C'est comme pour un enfant : s'il commet une grosse erreur, il faut le lui dire, pour éviter qu'il ne recommence. Si vous ne le faites pas, votre enfant pensera que c'est normal, que c'est admis.

C'est la responsabilité du club de gérer ses supporters, de les éduquer aux valeurs du club. Ceux qui font des bêtises doivent être punis. Ils doivent se rendre compte qu'à cause d'un idiot ou de trois ou quatre idiots, ils seront tous punis. Ils essaieront alors de résoudre le problème. Mais si vous faites comme si rien ne s'était passé, alors nous continuerons à tourner en rond.

“Je crois en l'amour. Je pardonne à ces personnes. Je ne suis ni en colère ni furieux contre elles. Je suis juste désolé pour elles...”

— de Christy Manzinga

Je suis croyant, je crois profondément en Dieu. Je crois en l'amour. Je pardonne à ces personnes. Je ne suis ni en colère ni furieux contre elles. Je suis juste désolé pour elles...

Ça m'a enlevé une partie de ma joie de jouer au football, mais mon amour du football est plus fort que tout.

Je sais d'où je viens, ce que j'ai dû faire pour en arriver là. C'était difficile. Certaines personnes ne croyaient pas en moi, et parfois je ne croyais même pas en moi-même. Aujourd'hui, je suis là où je suis, et je ne vais pas abandonner à cause de ces gens. Ils veulent que j'abandonne, mais je ne le ferai pas.

Chaque jour, je remercie le Seigneur parce que je sais que lorsque de telles choses m'arrivent, cela me rend plus fort. Peut-être qu'un jour, je pourrai aider les gens qui vivent ce genre d'expérience efficacement.

Ce que je veux dire aux joueurs qui sont victimes des mêmes agressions, c'est que vous n'êtes pas le problème. Ce sont ceux qui permettent à ces personnes de vous faire du mal qui posent problème. Voilà ce que je veux leur dire. Vous n'avez rien fait de mal, à part essayer de procurer de la joie au public.