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La santé des footballeurs est plus importante que l'entorse aux règles

Gestion des Commotions Cérébrales Étude de cas

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La FIFPRO fait campagne pour que le personnel médical dispose de dix minutes pour décider si un joueur fait une commotion cérébrale, car cette lésion cérébrale peut être difficile à diagnostiquer dans l'immédiat.

Pour cela, une équipe pourrait avoir un remplaçant supplémentaire qui retourne sur le banc si le joueur ne se voit pas diagnostiquer de commotion cérébrale et qu'il peut revenir sur le terrain.

Cette approche est utilisée dans d'autres sports, notamment le rugby et la National Football League (NFL), sports dans lesquels les connaissances sur les commotions cérébrales sont plus approfondies.

Nous nous sommes entretenus avec Bryan English, grand médecin du sport, qui a travaillé dans le football, l'athlétisme et le tennis, et qui est un ancien membre du Comité médical olympique britannique.

English était le médecin de Chelsea lorsque Petr Cech a subi une fracture du crâne en 2006, et il travaille actuellement à Middlesbrough.

« Normalement, je sais dans les 30 secondes si mon joueur n'est pas dans son état normal et qu'il y a lieu de suspecter une commotion cérébrale », indique M. English. « S'il dit qu'il est étourdi ou titube, s'il ne peut pas me regarder en face ou parler correctement, alors je n'ai plus d'autres examens à faire.

« Pour moi, à ce stade, j'ai diagnostiqué une commotion cérébrale. Il ne peut pas revenir sur le terrain. Je n'ai donc pas besoin ou envie d'avoir dix minutes pour faire une évaluation plus approfondie.

« Si je ne peux pas me décider dans ces 30 secondes, alors j'ai de quoi m'inquiéter. Les joueurs se remettent rapidement et vous diront qu'ils vont bien et qu'ils veulent continuer. Leurs entraîneurs diront la même chose.

Mais si j'ai vu un niveau d'impact massif qui me fait dire que « ça ne va pas », alors au moins j'aurais la possibilité de voir le joueur dans un environnement calme pour vérifier s'il est dans son état normal ou si son état se détériore.

« Il serait bon d'avoir la souplesse de la règle des dix minutes dans certaines circonstances ».

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L'International Football Association Board (IFAB), qui établit les règles du football professionnel, étudie les moyens d'améliorer le protocole des commotions cérébrales en modifiant les règles.

Certains acteurs ont fait part de leurs inquiétudes quant aux éventuelles conséquences sportives d'un remplaçant en cas de commotion cérébrale, craignant que les équipes n'abusent de la règle pour obtenir un remplaçant supplémentaire.

English a déclaré que rien ne devait entraver la protection de la santé des joueurs.

« Il faut bien admettre qu'il est possible qu'après 80 minutes, quelqu'un parle à un joueur pour lui dire de se coucher en feignant une blessure à la tête afin de mettre un joueur plus frais sur le terrain », a-t-il déclaré.

« Mais nous ne pouvons pas mettre en danger la santé d'un joueur parce que quelqu'un pourrait vouloir abuser de la situation ».

« L'IFAB, en collaboration avec les fédérations nationales et les ligues de football, doit se demander si la priorité est le jeu ou le bien-être des joueurs ».

S'il y a un changement de règle, la décision d'avoir recours à un remplaçant en cas commotion cérébrale devrait revenir aux médecins, explique M. English. « Nous sommes ici pour protéger la vie des joueurs », ajoute-t-il.

English est conscient que les entraîneurs ont déjà essayé d'influencer les médecins de l'équipe pour qu'ils conservent un joueur sur le terrain, voire de les intimider pour qu'ils changent de décision. « J'ai dit aux médecins, si c'est le cas, vous devez rejeter l'avis de l'entraîneur. Vous devez avant tout vous préoccuper de la santé du joueur ».

« Prendre une décision sur le terrain est une situation qui met beaucoup de pression. Je sais que ces moments ne sont pas faciles, mais le médecin doit faire ce qui est bon d'un point de vue médical. Quelle que soit la décision que vous prenez en tant que médecin, quelqu'un sera mécontent et exprimera probablement cette opinion dans les médias ».

« J'ai vu des cas où les médecins avaient laissé un joueur continuer parce qu'ils n'avaient peut-être pas le courage de confronter le manager au fait que le joueur devait sortir ».

« Si vous retirez le joueur et qu'il récupère et va bien, mais que vous perdez le match, alors le médecin ne sera critiqué que par le joueur, le manager et les directeurs. Dans ces situations, la règle des dix minutes peut également être utile, à condition que l'évaluation puisse se faire en privé ».

« C'est pourquoi, l'éducation est si importante. Ce ne sont pas seulement les médecins, mais aussi les managers, les entraîneurs et les joueurs qui doivent prendre part à cette prise de décision. Nous avons affaire à un traumatisme crânien complexe ».