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Déclaration de la FIFPRO : Décision du TAS concernant Yves Jean-Bart

Déclaration

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La FIFPRO est profondément déçue d'apprendre la décision du TAS d'annuler la suspension à vie de l'ancien président de la Fédération haïtienne de football, Yves Jean-Bart, suite aux nombreuses allégations de graves violences sexuelles.

Dès le début de cette affaire, la FIFPRO a cherché à soutenir les joueuses ayant fait état de ces violences. Cependant, le parcours des joueuses et des dénonciateurs a été incroyablement précaire et difficile. Cette dernière évolution dans cette affaire soulève de nouvelles questions quant à la capacité du football à offrir un recours efficace en cas de violations graves des droits humains.  Avant de formuler des commentaires détaillés, l'audience n'ayant pas été ouverte, nous attendrons désormais le jugement complet du TAS, et la décision de la FIFA de faire appel ou non.

Cependant, les joueuses recherchent à juste titre des réponses urgentes aux questions suivantes : 

  1. Compte tenu des menaces graves, explicites et largement documentées reçues par les personnes invitées à témoigner, et de l'incapacité du TAS à offrir des mesures de protection élémentaires de l'anonymat telle que des techniques de déformation vocale, comment pense-t-il pouvoir un jour obtenir des preuves adéquates pour discipliner les puissants auteurs présumés ?

  2. Pourquoi le TAS a-t-il choisi de dire que la contribution de la FIFPRO n'était pas « suffisamment probante » alors que la FIFPRO n'a jamais été chargée ou responsable de la collecte de preuves ? La référence inhabituelle à la FIFPRO et à HRW dans le communiqué de presse du TAS soulève plus de questions que de réponses et, sans la publication du jugement complet, la FIFPRO n'est pas en mesure de comprendre les détails de l'évaluation du groupe d'experts.

  3. Pourquoi le TAS a-t-il décidé de rendre publique la décision la veille d'une autre audience dans une affaire de violences associée, où les victimes et les dénonciateurs ont également reçu de nombreuses menaces, risquant ainsi que ces témoins se retirent de la procédure ?

La priorité de la FIFPRO reste la sécurité et le bien-être des joueuses et joueurs, et nous ne ferons d'autres commentaires que lorsque nous aurons pris connaissance de l'intégralité du jugement et que nous serons certains que pareils commentaires ne porteront pas préjudice à d'autres procédures.

En attendant, nous continuerons à plaider pour que les instances de justice sportive instruisent les affaires de manière sûre et efficace, car le système actuel n'est pas en mesure de fournir des garanties suffisantes pour que les joueurs et les dénonciateurs puissent se manifester et participer aux procédures sans risque de représailles.

La FIFPRO continuera également à s'engager dans les efforts de la FIFA visant à mettre en place une entité indépendante chargée de la sécurité du sport, car cette affaire démontre une fois de plus que les mécanismes existants ne sont pas adaptés. Les enquêtes et la résolution des cas d'abus nécessitent une approche experte, nuancée qui tienne compte des traumatismes et qui soit centrée sur les survivants.

Ce n'est qu'à cette condition que les preuves nécessaires pourront être obtenues en toute sécurité, sans faire peser sur les victimes et les survivants la charge de demander des comptes aux auteurs de ces actes. Si le football veut vraiment s'acquitter de ses obligations en matière de gouvernance et éliminer les auteurs d'abus au sein du jeu, beaucoup de choses doivent changer, et ce rapidement.