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Renato Civelli : du terrain de football à la pâtisserie française

L'histoire du joueur

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  • Deux ans avant de prendre sa retraite de footballeur, Renato Civelli a ouvert une boulangerie Gontran Cherrier en franchise à Buenos Aires 
  • Il est en passe d'avoir quatre locaux commerciaux en 2022 et a trouvé une nouvelle passion dans le domaine gastronomique 
  • L'Argentin de 38 ans a joué en tant que défenseur central pour l'Olympique de Marseille, Lille et l'Olympique de Nice et est devenu une icône de Banfield dans son pays natal 

« Dans l’univers du football, il y a encore deux sujets dont on ne parle presque jamais : l'un est la santé mentale des joueurs et la façon de la gérer, et l'autre est ce que j'appelle la « seconde moitié » : la vie après la retraite. 

Ce n’est pas si facile d'aborder la question de ce qui se passera dans la vie d'un footballeur à la fin de sa carrière alors qu’il n’est est qu’au milieu ! Lorsque j'avais vingt-cinq ans, je ne pensais pas à ce que j'allais faire au terme de mon parcours dans le football. À l'époque, je me concentrais sur mon perfectionnement professionnel et sur la recherche de nouveaux défis, de nouveaux horizons. 

Si aujourd'hui je peux évoquer avec d'autres footballeurs la vie après le départ à la retraite, c’est une bonne chose en soi. Ne serait-ce que pour au moins aborder le sujet et commencer à chercher ensemble des solutions. Je n'ai pas toutes les réponses aux questions qui peuvent se poser pour ceux qui ont des doutes, mais commencer à se préparer et pouvoir au moins discuter de la vie après le football, c’est déjà un pas en avant. 

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Photo : Diario La Nación

J'ai commencé à y réfléchir il y a six ans, j'avais entre trente-trois et trente-quatre ans. Je jouais alors à Lille. Mon épouse et moi vivions à trois pâtés de maisons d'une franchise de l'une des boulangeries les plus traditionnelles de France. C'est là que l'idée nous a traversé l'esprit de lancer un projet qui me permettrait de rester actif séparément de ma carrière de footballeur. 

Nous avions l’idée de faire venir une franchise de cette boulangerie à Buenos Aires, mais on nous a fait comprendre que ce n'était pas trop le moment d'investir en Argentine. 

Le temps est passé, et pendant les dernières années de ma carrière, j'ai pris contact avec Enrique Portnoy, qui travaille dans la principale entreprise sidérurgique d'Argentine, et j'ai commencé à me former en tant qu'entrepreneur potentiel. Enrique est consultant en affaires et a une approche intéressante de la formation des footballeurs pour la vie après leur carrière de joueur. 

C’est ainsi que fin 2019, deux ans avant ma retraite, j'ai réussi à concrétiser un accord avec la chaîne internationale de boulangeries Gontran Cherrier. Cherrier est un boulanger français réputé qui a travaillé dans des restaurants trois étoiles Michelin et représente la quatrième génération d'une famille de spécialistes de cette branche de la gastronomie. 

Je ne suis pas un grand spécialiste de la boulangerie, mais j'aime ça et je trouve que c'est un défi quotidien de s'être lancé dans cette entreprise. Je suis très occupé et j'apprécie. J'aime tous ces problèmes si variés auxquels je dois faire face jour après jour, de l'importation et de la production aux ressources humaines. C'est tellement différent du football. 

Pour l'instant, nous avons deux succursales de la boulangerie Gontran Cherrier dans la ville de Buenos Aires, avec au total de cent employés. D'ici la fin février, nous espérons ouvrir un troisième magasin et nous avons des projets pour une quatrième boulangerie.

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Photo : Diario La Nación

Il y a deux points très importants pour nous, en tant que joueurs, pour nous permettre de faire ce pas en avant et de voir un horizon de ce que sera notre vie après la retraite. Le point le plus important est de se préparer à temps pour ce que vous voulez faire. Que vous souhaitiez devenir coach ou que vous vouliez vous former au monde des affaires. Tant que nous avons des opportunités, nous devons être capables de pousser cette porte et être conscients qu'il y a d'autres mondes à explorer. 

La deuxième est de savoir quand le moment est venu de mettre fin à votre carrière. Si pour ceux qui souffrent d'une addiction, la première des étapes est de le reconnaître, c'est un peu la même chose dans le football : il faut se rendre compte du moment où l'on n'est plus capable d'être aussi performant qu'avant. Et commencer à regarder vers l'avant, vers ce qui va suivre. 

Que nous ayons réussi ou non à gagner beaucoup d'argent au cours de notre carrière, nous, les footballeurs, sommes encore jeunes lorsque vient le moment de raccrocher les crampons. La vie continue et nous avons beaucoup de temps pour chercher ce que nous aimerions faire de notre vie. Il y a des domaines en dehors du football que vous pouvez vraiment apprécier si vous vous y préparez. 

En Argentine, beaucoup de footballeurs font des études pour faire carrière en tant qu'entraîneur. Ils pensent qu'ils ne peuvent rien faire qui ne soit pas lié au football et finissent comme managers, entraîneurs principaux ou directeurs de football. Mais la vie offre tant de possibilités !  

Pour poursuivre nos carrières de joueurs, nous avons dû faire des sacrifices et nous entraîner très dur. L'heure est venue de s'entraîner autrement. »