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Artwell Mukandi : la seule chose que je pouvais me vanter de posséder au bout de sept ans de football, c'était une voiture

L'histoire du joueur

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  • Le gardien de but zimbabwéen Artwell Mukandi avait remporté la Ligue des Champions avec les Dynamos. 
  • Il avait ensuite passé quelque temps au Mozambique pour la Liga Desportiva de Maputo.
  • Une blessure a mis fin à sa carrière à l'âge de 27 ans seulement.  

« Quand mon contrat a expiré au Mozambique, j'étais blessé au genou. J'étais en fin de contrat et je me demandais ce que je pourrais bien faire ensuite. Le syndicat des footballeurs du Zimbabwe (FUZ) m'a aidé et m'a emmené en Afrique du Sud pour voir un spécialiste. Selon ce dernier, j'avais une déchirure du ménisque qui ne nécessitait aucune intervention. Un peu de repos, c'est tout, et mon état s'améliorerait. Mais ce n'a pas été le cas, et ne savais plus quoi faire. J’étais sans contrat, j'avais une famille à nourrir et j'étudiais à l'université à l'époque. Autant dire que j'ai vécu un moment très difficile.  

J'avais une voiture. Une Mazda Familia. Je n'avais rien d'autre à montrer après sept ans de bons et loyaux services pour quatre clubs différents de Premier League. En fait, c'était ma seule richesse. Quelqu'un m'a conseillé de vendre le véhicule, de récupérer l'argent et de créer une petite entreprise. J'ai suivi son conseil et c'est ce que j'ai fait. J'ai vendu le véhicule et j'ai lancé une petite entreprise d'électronique en achetant et en vendant des appareils électriques comme des téléviseurs, des panneaux solaires, des petites radios et d'autres choses. J'ai décidé de me lancer dans l'électronique, car lorsque je jouais pour les Dynamos, un de nos supporters avait un magasin d'électronique et j'avais l'habitude de lui rendre visite après l'entraînement. Je le regardais travailler et c'est lui qui m'a suggéré de tenter ma chance. 

À l'époque, les supporters pensaient que si les joueurs devaient travailler après avoir fait carrière, ils vivaient dans la misère parce qu’ils n'avaient pas su gérer leur argent. Mais ils ont fini par comprendre qu'il n'y a pas grand-chose à gagner pour un footballeur au Zimbabwe.  

Au début, j'ai donc travaillé au jour le jour. Mais j'ai dû persévérer car c'était ma seule chance de survie et au bout de quelques années, le projet a progressé. J'ai même réussi à acheter un terrain résidentiel et à construire une maison dans laquelle nous avons pu emménager. Maintenant, je suis spécialisé dans l'installation de systèmes solaires. Nous vendons des panneaux solaires, des batteries solaires, des intégrateurs solaires. Nous nous concentrons sur cette activité. La situation actuelle au Zimbabwe en fait une activité importante, car il y a un problème de délestage des charges électriques [l'électricité est coupée pendant quelques heures certains jours], donc l'activité se porte plutôt bien. Mais j'espère aussi aller plus loin en attirant un investisseur. J'aimerais trouver quelqu'un, peut-être un joueur international, pour investir. Je pense que ce serait un excellent investissement pour l'avenir. 

Le syndicat fait beaucoup d'efforts pour conseiller les joueurs sur la nécessité de planifier leur vie après le football. Mais ce qui est malheureux, c'est que vous pouvez recevoir des enseignements, des conseils, mais s'il n'y a pas d'argent à économiser, s'il ne peut en être question, c'est très difficile. C'est le grand problème du Zimbabwe. La plupart des clubs de football ici ne paient pas assez. L'indemnité d'engagement se fait attendre, le salaire aussi, et les primes ne sont pas versées à temps. Les joueurs vivent donc au jour le jour, il est très difficile pour eux d'économiser. Seuls ceux qui ont de la chance et qui peuvent signer avec un des très grands clubs peuvent obtenir une indemnité d'engagement. 

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Les joueurs rêvent d'être repérés par une équipe européenne, où ils pourraient gagner beaucoup d'argent. Mais en réalité, cela n'arrive que très rarement. La réalité c'est que la majorité des joueurs au Zimbabwe auront du mal à s'en sortir. Il n'y en a que quelques-uns qui peuvent jeter des bases solides pour leur vie après le football, uniquement grâce au football.  

Ce qui est triste, c'est que les joueurs souffrent souvent seuls. Ils ne parlent pas de leurs problèmes aux autres. Je me considère comme chanceux, car j'ai un toit au-dessus de ma tête, mais en tant que footballeur, cela relève du miracle. J'ai dû me débrouiller après le football.  

La vie après le football est très difficile. C'est dur, surtout si vous n'avez pas de plan B. Les choses peuvent aller très, très, très mal. Je conseille donc à tous les joueurs de se concentrer sur leur éducation, autant que sur leur carrière. Car après le football, la vie ne sera pas forcément rose. On me demande souvent d'aider les joueurs qui ont connu des moments difficiles ou qui ont du mal à trouver leurs marques après leur carrière. Et je suis là pour eux chaque fois que je le peux ».