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Santiago Mele : « Je veux qu’arrêter un but ait un impact social positif. »

L'histoire du joueur

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À propos

Santiago Mele

Santiago Mele est l’un des gardiens de but les plus impressionnants des académies de jeune uruguayennes. Aujourd’hui, il joue pour Unión de Santa Fe en Argentine, où il a une clause dans son contrat qui intervient à chaque fois qu’il garde sa cage inviolée cinq fois.

Je suis Santiago Mele, je suis gardien de but et aujourd’hui, à l’âge de 25 ans, après être passé par une période de guérison intérieure, je suis fier de pouvoir contribuer à quelque chose de positif avec mon travail de footballeur, qui a un impact social positif et qui porte un beau message pour le football.

Depuis 2020, grâce à une idée de mon avocat Nacho, j’ai intégré à mes contrats une clause de bienfaisance basée sur mes performances. En d’autres termes, je fais de mon mieux pour empêcher les buts et cela a un impact positif sur d’autres personnes.

J’ai commencé cela quand je suis revenu de Turquie pour jouer en ligue uruguayenne, à Plaza Colonia. En 2021, j’ai pu le refaire quand j’ai signé pour mon club actuel, Unión de Santa Fe, l’un des plus gros clubs d’Argentine.

À Plaza, la clause était déclenchée pour chaque tir au but arrêté. Maintenant, à Unión, je dois arriver à cinq matchs sans prendre de but. Ça me donne beaucoup de motivation et de confiance de dire à un club que j’ai assez foi en moi pour que le bonus qu’il m’accorde soit utilisé pour aider quelqu’un d’autre.

C’est aussi une façon pour nous les footballeurs de réaliser qu’il ne s’agit pas seulement de faire une bonne carrière. Heureusement, mes coéquipiers répondent très positivement à ce que je fais et à Plaza, et ici à Santa Fe, j’ai eu des groupes incroyables.

À Unión, il y a beaucoup de gens qui veulent aider et qui savent que la vie n’est pas que du football. Grâce à cette clause, nous avons pu apporter des ballons et des équipements professionnels à Los Búhos, une équipe qui représente la province dans le championnat de football argentin pour les personnes souffrant de déficience visuelle.

C’était une journée très enthousiasmante, et nous avons passé des moments incroyables avec eux. C’est un moyen de sortir de la bulle du football, de remettre tout ça en perspective, peu importe le dévouement accordé à la profession de footballeur, gagner ou perdre n’est pas le plus important.

C’est une profession très compétitive, et assez égoïste. Me mettre au service des autres et reprendre contact avec la réalité m’offre un sentiment différent, gratifiant et plus satisfaisant.

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J’ai pu faire la même chose avec les tirs au but arrêtés en Uruguay : j’ai donné de l’équipement de jeu à une équipe de footballeurs amputés et à un jardin potager pour des enfants souffrant de schizophrénie et de trisomie 21. J’aime que mes actions sociales tendent dans cette direction.

Parfois, les gens me demandent pourquoi j’ai décidé de faire cela, mais c’est très difficile d’expliquer précisément d’où me vient ce besoin. C’est juste arrivé un beau jour. Je me souviens de certains moments de mon enfance, où ma mère, qui est docteur, aidait les gens qui dormaient dans les rues et dans les quartiers très pauvres. Elle m’a insufflé cette éducation et ça a été décisif pour moi.

Mais tout a commencé quand j’étais en Turquie. J’en étais arrivé à un point où je ne voulais plus rester là-bas un jour de plus. Je me demandais même si j’allais continuer à jouer au football. J’ai passé deux ans sans jouer et dans des situations très difficiles, loin de ma famille, loin de mon habitat naturel.

J’ai souffert d’angoisses et je ne pouvais pas m’arrêter de manger. Je n’avais plus la flamme intérieure qui m’avait poussé à être footballeur.

Je voulais rentrer en Uruguay mais mes représentants de l’époque ont insisté pour que je reste en Turquie. J’ai commencé à me demander qui j’étais, qui était Santiago. Car depuis mon enfance, j’avais passé tout mon temps à jouer au football, et il y avait plein de questions que je n’avais jamais pris le temps de me poser.

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Des questions sur mon père en faisaient partie, puisque je n’avais pas grandi avec lui. Je n’avais entretenu aucune relation avec lui. Et j’ai réalisé que je devais me reconnecter avec mon enfant intérieur, celui qui avait toujours rêvé de jouer au football et qui adorait ça.

En revenant en Uruguay, un ami qui travaillait pour un organisme caritatif m’a emmené à une Journée de l’enfant pour jouer avec les gamins, et ça a été pour moi… un renouveau spirituel.

J’ai redécouvert ma foi. J’avais un manque intérieur et rien ne pouvait le combler : ni la nourriture, ni le football, ni l’argent. Et cette relation avec Dieu était la pièce manquante.

J’ai décidé de changer d’objectif, mais aussi les gens autour de moi car leurs intérêts ne correspondaient pas aux miens. J’ai décidé de rester en Uruguay et de repartir à zéro, de faire ce que j’avais vraiment envie de faire à l’endroit de mon choix. J’ai recommencé à prendre du plaisir.

Durant ce long processus, j’ai réalisé qu’avant même d’être un footballeur, j’étais aussi un être humain. Et que je suis à une place qui me permet d’avoir un impact social fort. Les actes et les paroles d’un footballeur transcendent tout.

De nombreuses personnes font ce que je fais, mais si c’est un footballeur qui le fait, cela a bien plus de visibilité. Par exemple, mon travail reçoit beaucoup de publicités et de nouvelles choses émergent sans qu’il n’y ait d’objectifs sportifs impliqués. Des entreprises m’approchent pour collaborer avec moi dans divers domaines, et c’est génial.

Dans le même temps, j’ai déjà atteint quatre matchs sans prendre de but. Avec le club et mon entourage, nous définissons par avance la nouvelle action à développer lorsque j’atteindrai le cinquième.

Dans notre série #CommunityChampion, nous mettons en lumière les activités d'un footballeur professionnel ou footballeuse professionnelle permettant d’améliorer la vie des autres membres de sa communauté. Toutes les deux semaines, nous braquons les projecteurs sur un autre joueur ou joueuse.

Depuis 2008, la FIFPRO honore les footballeurs professionnels qui ont apporté une grande contribution à une œuvre caritative par le biais du Prix de Mérite.