Kang Ga Ae 2

Kang Ga-ae : « Nous augmentons la visibilité du football féminin en Corée »

L'histoire du joueur

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Kang Ga-ae
À propos

Kang Ga-ae

L’ancienne gardienne de but de la République de Corée, Kang Ga-ae (32 ans), joue en ligue féminine pour le Sejong Sportstoto. Elle est l’une des sept femmes membres du conseil d’administration de l’Association coréenne des footballeurs professionnels (KPFA).

Quand j’ai entendu parler pour la première fois de l’Association coréenne des footballeurs professionnels, je ne savais pas vraiment ce qu’ils pouvaient faire pour nous. Mais après avoir discuté avec des représentants de la KPFA, j’ai réalisé que nous, les joueuses, méritons bien mieux que ce que nous avions. La création d’un comité destiné aux joueuses était la prochaine étape qui s’imposait, car il n’existait aucune organisation visant à protéger les footballeuses. Je souhaitais faire entendre ma voix afin de sensibiliser les autres joueuses sur leurs droits.  

Je suis l’une des joueuses seniors de mon équipe et, avec Ji So-yun et Yoon Young-guel, j’étais l’une des leaders de l’équipe nationale avant de mettre fin à ma carrière internationale l’année dernière. J’ai toujours eu un sens aigu des responsabilités et j’ai ressenti le besoin de défendre les jeunes joueuses, quelqu’un doit bien le faire, et c’est facile pour moi.  

L’une des premières choses que nous souhaitions faire était de sensibiliser les joueuses au pouvoir qui est le nôtre lorsque nous nous unissons et parlons d’une seule voix. Nous avons visité des clubs, organisé des visioconférences, longuement discuté avec les joueuses et réussi à augmenter le nombre de femmes membres de la KPFA à environ 130 joueuses. Nous aspirons à ce que davantage de joueuses s’impliquent dans le syndicat.  

L’étape suivante consistait à améliorer les conditions des joueuses. Pour ce faire, nous avons décidé de passer par la promotion de notre jeu. Le championnat de Corée du Sud de football masculin, la K-League, existe depuis 1983 et est très populaire. Le championnat de Corée du Sud de football féminin, la WK League, a été créé en 2009, mais est encore trop peu connu du grand public.

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Credit: Kang Ga-ae

Nous souhaitons augmenter la visibilité du football féminin et faire en sorte qu’il attire davantage de spectateurs dans les stades. Nous avons discuté avec les instances du championnat de Corée du Sud de football féminin afin de changer les horaires des matchs. L’année dernière, la plupart des matchs étaient programmés le lundi à 16 h. Mais qui peut assister aux matchs à cette heure-là ? Tout le monde est encore au travail.  

Après que nous ayons soulevé ce problème, la ligue a décidé de programmer un match par journée pendant le week-end, ce qui a augmenté le nombre de spectateurs. De plus en plus de gens se rendent au stade, amenant des amis et des membres de leur famille. L’ambiance est incroyable ces journées-là. C’est une première étape ; nous voulons toujours augmenter le nombre de matchs le week-end, et souhaitons également que la ligue programme des matchs pendant les vacances, comme c’est le cas dans d’autres sports. 

Toujours pour attirer davantage de spectateurs, nous avons organisé des événements avec la Fédération coréenne de football féminin, pendant lesquels les jeunes supporters peuvent rencontrer des joueuses, ce qui encourage ces supporters à assister à davantage de matchs de championnat de Corée du Sud de football féminin. Nous avons également organisé le programme Clinique des jeunes de la KPFA, qui consistait en des tournois de football féminin qui permettaient non seulement de perfectionner les joueuses, mais également de les informer sur leurs droits. Lors de ces événements, nous avons remarqué que les jeunes filles étaient tellement impressionnées par la rencontre avec les joueuses qu’elles parlaient de devenir elles-mêmes joueuses. Espérons que certaines d’entre elles se retrouveront un jour dans la ligue féminine.  

Une autre initiative a consisté à instaurer les prix du championnat de Corée du Sud de football féminin, qui sont organisés conjointement par la KPFA et la fédération de football. Jusqu’en décembre dernier, il n’existait aucun événement qui permettait de célébrer les exploits des joueuses ni aucune occasion pour nous de nous réunir. Ces prix aident à promouvoir la ligue féminine et motivent les joueuses à améliorer leurs performances.  

Notre objectif premier est d’améliorer le statut de la ligue féminine, et une fois que nous y serons parvenus, nous devrons nous concentrer sur nos conditions de travail. Les meilleures joueuses de notre ligue vivent de leur salaire, mais pour les plus jeunes, cela est souvent plus difficile. La plupart d’entre elles sont hébergées et nourries par leurs clubs, mais elles ne peuvent guère se permettre autre chose.  

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Credit: Kang Ga-ae

L’un des principaux défis consiste à renégocier le salaire maximum du championnat de Corée du Sud de football féminin. Il a été instauré en 2009, et bien que le coût de la vie ait considérablement augmenté, le salaire maximum est le même depuis 13 ans. Après environ cinq ans passés dans le football professionnel, la plupart des joueuses ont atteint le salaire maximum, et peu importe à quel point elles travaillent dur ou à quel point elles sont performantes, leur salaire n’augmentera pas. Je gagne aussi le même salaire depuis de nombreuses années. Le football féminin est le seul sport en Corée à avoir imposé une limite salariale, ce qui est affligeant.  

La santé des joueuses est également un enjeu important. Nous passons beaucoup de temps ensemble. Je vois mes coéquipières tous les jours, et j’ai remarqué que bon nombre de mes collègues devaient composer avec des problèmes de santé mentale. Le conseil des joueuses a soulevé ce problème auprès de la KPFA, et la semaine dernière, le syndicat a signé un protocole d’accord avec une organisation qui fournit des soins de santé mentale. Cet arrangement permet aux joueuses de parler avec des experts de leur santé mentale ou d’autres problèmes personnels. Ce sera très utile, et j’encourage toutes les joueuses à se tourner vers ce service.  

De telles solutions sont la principale raison pour laquelle j’ai rejoint les femmes du conseil d’administration de la KPFA : je souhaite contribuer à créer un meilleur environnement de travail pour les joueuses. Cela me motive de voir les jeunes joueuses s’épanouir, de les conseiller et de les encourager, et j’espère jouer avec elles une fois qu’elles seront à leur tour devenues joueuses professionnelles.