Masashi Oguro Pink

Shaping Our Future : Masashi Oguro fait le point sur l'évolution de la J-League

Économique Durable L'histoire du joueur

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Masashi Oguro Pink
L'ancien attaquant de l'équipe nationale japonaise Masashi Oguro a commencé dans la J-League pour l'équipe du Gamba Osaka en 1999. En deux décennies, il a joué plus de 500 matchs dans les deux premières divisions.

Dans la dernière d'une série d'interviews qui coïncident avec le rapport Shaping Our Future de la FIFPRO, il évoque les évolutions du football japonais. Après avoir représenté 12 clubs, dont le Torino en Italie, il a arrêté de jouer l'année dernière et est revenu à Osaka pour travailler comme entraîneur.

Le rapport cite la J-League comme l'exemple d'une planification solide et d'une réglementation rigoureuse en matière de licences, et un aspect dont il est le plus fier : les joueurs sont toujours payés à temps. Mais il note qu'un plafond salarial pour les recrues a limité le développement de la ligue depuis l'époque formidable des années 1990.

Vous avez commencé à jouer dans la J-League à une époque faste
C'était une époque formidable. Lorsque la J-League a été lancée (en 1993), j'étais dans l'équipe de jeunes du Gamba Osaka. Dans le championnat, il y avait des stars étrangères comme Gary Lineker et Zico mais aussi de grandes stars japonaises, notamment au Verdy Kawasaki (aujourd'hui Tokyo Verdy) et au Yokohoma Marinos.

Masashi Oguro Robinho
Oguro affronte Robinho pendant un match entre le Japon et le Brésil lors de la coupe du Monde 2006. Photo: Imago

Qu'est-ce la J-League offre de mieux en termes d'emploi ?
Le non-versement des salaires est quelque chose que nous ne connaissons pas, et nous en sommes fiers. En tant que joueur, vous pouvez faire une carrière longue et stable, sans les hauts et les bas de certains championnats européens.


Vous avez joué pour le Torino à l'âge de 26 ans : pouvez-vous revenir sur cette expérience ?
En Italie, lorsque vous vous promenez, les gens vous abordent dans la rue et vous saluent. Je n'ai vraiment connu ça au Japon que lorsque j'étais en sélection nationale. En Italie, 1 500 fans pouvaient venir assister à l'entraînement.

Chaque fois qu’on courait autour du terrain et qu’on passait à côté, ils nous criaient dessus. Cela vous met beaucoup de pression. Il y a des hauts et des bas. À un moment, vous êtes un héros, mais si vous marquez un but contre votre camp et que les supporters vous voient dans un restaurant, ils vous disent « arrête de manger et va t'entraîner ».

Pourriez-vous comparer la J-League à la Serie A ?
La J-League est plus disputée que la Serie A. Bien que le Kawasaki Frontale ait été fort récemment, aucune équipe ne domine systématiquement. On ne retrouve pas de petit groupe d'équipes puissantes comme en Italie.

Masashi Oguro Torino
Oguro pendant son passage avec Torino. Photo: Imago

Quelles sont les conditions d'emploi dans la J-League ?
L'année où je suis devenu professionnel, en 1999, un plafond salarial pour les recrues a été introduit dans toute la ligue, à l'instar des sports américains. L'idée était d'uniformiser les conditions de recrutement dans les clubs, comme le système de sélection aux États-Unis.

Le salaire d'un joueur comme moi est passé de l'équivalent de 40 000 euros pour arriver à 120 000 euros en 1998. Il faut jouer au moins 450 minutes pour pouvoir augmenter son salaire jusqu'à 70 000 euros. Bien sûr, on était prêts à jouer à n'importe quelle position que l'entraîneur voulait pour gagner plus !

Quel est votre point de vue sur le plafond salarial ?
Très mauvais. Il n'a pas changé depuis 20 ans. Les jeunes d'aujourd'hui ne sont pas attirés par le football, parce qu'il ne paie pas beaucoup. Ce n'est pas autant attractif. Le baseball rémunère bien mieux. Les joueurs de baseball reçoivent un salaire de 120 000 euros, même s'ils sont débutants, plus une prime à la signature.

Dans le football, le plafond salarial des recrues, qui peut durer jusqu'à trois ans, freine le développement du sport. Les joueurs vedettes vont d'abord en Europe, puis éventuellement en Chine, et enfin au Japon ou en Corée. Nous n'avons plus les stars comme avant.

S'il y avait une seule chose à changer dans la J-League, ce serait quoi ?
Nous avons un championnat stable mais le salaire moyen devrait être plus élevé pour inciter les jeunes à faire carrière. En troisième division, le salaire est bas. On devrait pouvoir proposer 60 000 euros. Ce serait plus attractif pour les enfants.

Masashi Oguro Fan
Oguro signe le maillot d'une fan de Tokyo Verdy en 2008. Photo: Imago