Jade Boho

Jade Boho à propos de la nouvelle ligue professionnelle féminine en Espagne

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Jade Boho
Jade Boho, qui joue pour EdF Logroño en Espagne, fait partie des footballeuses qui bénéficieront de la première ligue professionnelle du pays.

A partir de la saison prochaine, aux côtés de La Liga masculine sera la Liga Ellas féminine.

Le gouvernement espagnol a approuvé la semaine dernière le changement. Les 16 équipes de la ligue seront légalement tenues de fournir les mêmes conditions de base que les footballeurs masculins, contribuant à tout améliorer, de l'entraînement aux voyages.

Le gouvernement espagnol a approuvé la semaine dernière la création de la première ligue professionnelle de football féminin du pays.

Dès la saison prochaine, aux côtés de la Liga masculine, il y aura la Liga Ellas féminine.

Les 16 équipes seront légalement tenues d'offrir les mêmes conditions de base que celles des footballeurs masculins, ce qui contribuera à améliorer tous les aspects du sport, de l'entraînement à l'hébergement en passant par les déplacements.

Cette avancée a été négociée par l'Asociacion de Futbolistas Españoles, le syndicat espagnol des joueurs affilié à la FIFPRO.

La FIFPRO s'est entretenue au sujet de cette nouvelle avec Jade Boho, joueuse de l'EdF Logroño.

Ayant grandi à Madrid, Boho a représenté des clubs comme le Rayo Vallecano et l'Atlético Madrid.

Que signifierait vraiment une ligue professionnelle pour les joueuses ?

On avait quelques droits fondamentaux en vertu d'une convention collective négociée l'année dernière par l'AFE, comme un salaire mensuel minimum, mais toutes les joueuses étaient principalement à temps partiel.

Grâce à des fonds supplémentaires, toute une batterie d'améliorations seront apportées, notamment en matière de rémunération, d'installations d'entraînement, de stades et de déplacements.

Auparavant, il nous est arrivé de devoir faire des trajets de 10 heures en bus pour nous rendre à des matchs à l'autre bout de l'Espagne. Tout cela va changer à partir de la saison prochaine.

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Jade Boho, jouant pour l'EdF Logroño, en haut et au-dessus. Photos : IMAGO

Pourquoi cette nouvelle ligue ?

On a bénéficié d'un grand soutien pour l'AFE. Grâce à eux, on a obtenu la convention collective et grâce à eux, nous avons une ligue professionnelle.

Sans leur soutien, nous n'y serions jamais arrivées. J'ai 34 ans et, quand j'ai commencé, ce qu’on a aujourd'hui était impensable.

Quelles étaient les conditions à l'époque ?

On ne gagnait presque rien. Avant la convention collective, certaines joueuses touchaient moins de 300 euros. On considérait cela comme un manque de respect.

J'ai dû chercher un autre travail ailleurs. Avec de tels salaires, on pouvait à peine joindre les deux bouts.

Comment avez-vous débuté en tant que footballeuse ?

Ma famille a toujours été dans le football. J'ai deux frères plus âgés, et je jouais avec eux. Mon frère a été mon premier entraîneur.

À l'époque, voir une fille de Madrid jouer au football était très étrange. On était très peu nombreuses. J'ai persuadé les garçons de mon école de me laisser rejoindre une équipe de football en salle quand j'avais environ sept ans.

En voyant qu'on avait une équipe mixte, les autres équipes disaient qu'elles nous battraient facilement, mais on les a fait mentir.

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Jade Boho (à gauche) jouant contre le Real Betis. Photo : IMAGO.

Avez-vous été acceptée par tout le monde en tant que footballeuse ?

Il y avait des insultes : hé la fille, va faire le ménage, disaient certains. Ce qui est triste, c'est que souvent, ça vient des adultes. Ayant la peau foncée, j'ai aussi été victime d’insultes raciales. Mais cela ne m'a pas fait mal, cela m'a rendu plus forte. On se doit de trouver la force d'affronter ces situations.

Je n'en fais plus l'expérience, mais on retrouve ça sur les réseaux sociaux, c'est toujours là, on voit de tout.

Mais aujourd'hui, on n'entend plus les gens dire : « tu ne peux pas jouer au football ». Le football féminin est plus normal en Espagne qu'il y a 20 ans.

Comment espérez-vous voir la Liga Ellas se développer ?

Nous avons un rôle important à jouer. Nous devons être plus professionnelles en dehors du terrain également. Nous n'allons pas décevoir les gens.

Certaines joueuses ont la chance d'être dans des clubs de haut niveau avec une équipe masculine comme le Real Madrid et le FC Barcelone. Logroño est un club modeste fondé par deux personnes qui aiment le football.

Ils veulent rejoindre les plus grands clubs, petit à petit. J'espère pouvoir les aider dans cette voie.