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Stefano Sartori ATB

La FIFPRO a présenté un Comité directeur de 18 personnes, le plus diversifié des 56 ans d'histoire du syndicat mondial des joueurs, à l'occasion de son assemblée générale en novembre 2021. 

Across the Board se propose de faire le portrait des 18 membres du comité. Suivant : L'Italien Stefano Sartori.

Stefano Sartori

• Diplômé en droit de l'Université de Bologne
• Rejoint l'AIC en 1991
• Comité des statuts et règlements de la FIFPRO (2008-2016)
• Septembre 2022 : remplace Damiano Tommasi au Comité directeur de la FIFPRO

Félicitations pour votre nouveau poste, Stefano . Pouvez-vous nous parler de votre parcours?

Stefano Sartori: Je travaille à l'AIC depuis plus de 30 ans. Je dirige le service juridique depuis 1996. Mon rôle n'a pas vraiment changé au sein de l'AIC ; pour être honnête, c'est toujours ce que je préfère faire.  

Lorsque j'ai voulu commencer une carrière d'avocat après avoir obtenu mon diplôme de droit, j'ai été approché par un chasseur de têtes pour un poste à l'AIC. J'étais très intéressé par le travail syndical ; l'un des cours que j'ai suivis à l'université portait sur les droits des travailleurs et l'histoire des syndicats. Mon père était un vrai syndicaliste, et lui et mon grand-père étaient tous deux engagés socialement. Peut-être étais-je destiné à rejoindre l'AIC ? 

Quelles sont les réalisations qui vous ont marqué ?

J'ai négocié plusieurs conventions collectives de travail (CCT). Récemment, nous avons conclu la toute première convention collective pour les femmes dans le football italien. Pour moi, c'était une étape importante, notamment parce que j'ai mené les négociations. C’était une véritable réussite. Elle est fondée sur la convention que nous avons signée pour les hommes en 2006. Nous y avons inclus des protections de maternité, une combinaison des protections de la FIFA et de la loi italienne.  

Je suis également très fier de la CCT pour les hommes que nous avons signée en 2006, la première en 25 ans. Il y a eu de fortes pressions, car la Serie A voulait remplacer l'ancienne convention. Mais l'ancien président de la FIFPRO, Leonardo Grosso (Leo), et moi-même avons réussi à négocier un très bon accord, qui comprenait une règle stricte « anti-mobbing » empêchant les clubs d'envoyer des joueurs en deuxième équipe ou de leur ordonner de s'entraîner seuls. En 2010, avec la fédération italienne de football, nous avons mis en place un système de licence qui, conformément à la CCT, garantit le versement du salaire des joueurs.  

Stefano Sartori 3 Orsato
Stefano Sartori (à gauche) remet le prix de l'Arbitre de l'année 2021/22 de l'AIC à Daniele Orsato.

Quelle est votre vision pour la FIFPRO ?

Je me souviens encore de ma première rencontre avec la FIFPRO. En 1998, j'ai envoyé une lettre à Leo - l'homme de l'AIC au sein de la FIFPRO - et je lui ai demandé si je pouvais participer à l'assemblée générale de la FIFPRO, qui était prévue à Tel Aviv, en Israël. Il a accepté et j'y suis allé depuis. En 1998, il y avait environ 25 personnes.<

J'ai toujours été attiré par la FIFPRO. Il est bon de rencontrer des personnes au niveau international avec lesquelles vous pouvez comparer vos réalisations : vos règles, le niveau de protection que vous avez mis en place pour vos joueurs.

Quand j'ai été invité à participer par exemple à une conférence juridique de la FIFPRO Amériques à Santiago du Chili, j'ai découvert que notre CCT de 2006 était loin d'être aussi parfaite que je le pensais. Notre couverture dommages corporels était assez bonne, mais celle des autres pays était meilleure.

En cas de blessure, nos joueurs avaient leur salaire garanti pendant six mois. Mais au-delà, le club avait la possibilité de diminuer le salaire ou de résilier le contrat. Pour 80 % des pays, cette disposition aurait été satisfaisante, mais dans des pays comme l'Angleterre, la France et l'Espagne, les clauses étaient plus avantageuses. Après cette réunion au Chili, nous avons donc voulu modifier cette clause, ce que nous avons fait entre-temps.

Voilà bien qui montre toute la valeur de la FIFPRO : d'autres personnes et d'autres syndicats peuvent nous en apprendre beaucoup.

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De gauche à droite : Filippo Corti, Jonas Baer-Hoffmann, secrétaire général de la FIFPRO, et Stefano Sartori.

Qu'attendez-vous de votre rôle en tant que membre du Comité directeur ?

Je suis au Comité directeur pour représenter l'AIC, qui est un membre fondateur de la FIFPRO. Je pense que les grands syndicats doivent donner l'exemple à tous les autres syndicats. Le travail de l'AIC et des autres syndicats a beaucoup changé depuis 1991. Nous avons maintenant des services chargés de la formation des joueurs, du football féminin, etc. Mais nous - l'AIC et beaucoup d'autres - ne devons pas risquer de perdre notre âme de syndicalistes : notre mission est avant tout de garantir les meilleurs droits aux joueurs. Au niveau national, il faut une bonne CCT, une bonne chambre de résolution des litiges (CNRL) et un système de transfert décent.

Au sein de la FIFPRO, nous avons à relever de gros défis. Moins de 20 syndicats disposent d'une convention collective de travail et de nombreux pays n'ont pas de véritable CNRL. Nous devons évidemment modifier le système de transfert, car il n'est pas équilibré. Il est très difficile de le changer, mais nous devons trouver une solution.

La formation est tout aussi importante, surtout pour les joueurs « ordinaires », ceux qui doivent continuer à travailler après leur carrière.

Qu'est-ce qui vous passionne dans votre travail en ce moment ? 

Je suis très enthousiaste à l'idée de devenir membre du Comité directeur. C'est important à mes yeux : ce sera ma première participation à un Comité directeur, y compris au niveau national. Je pense pouvoir apporter à la fois mes connaissances juridiques et mon expérience politique. Ne vous attendez pas à ce que je sois un observateur silencieux, je suis un combattant. Leo et moi formions une excellente équipe de négociation. Il était l'autorité, et j'étais l'expert technique. Il était toujours très gentil, vous savez le bon flic, en quelque sorte, et moi j'étais parfois le méchant flic