Voici aujourd’hui dans notre cinquième partie Izham Ismail, de Malaisie, représentant l'Asie et l'Océanie.
Présentation
- Directeur général du syndicat de footballeurs professionnels de Malaisie depuis 2014.
- Licencié en droit
Comment êtes-vous devenu le PDG du syndicat de joueurs de Malaisie ?
« Lorsque j’ai fait mes études en droit dans la meilleure université de Malaisie, j’occupais également les fonctions de président du syndicat étudiant. Nous avons été confrontés à de nombreux problèmes, et c'était ma première expérience de représentation et d'organisation d'un groupe de personnes pour atteindre un objectif commun.
En dernière année, j'ai fait mon mémoire sur le système de résolution des conflits dans le sport en Malaisie, notamment dans le football. J'ai remarqué que beaucoup de choses pouvaient être améliorées. J'ai commencé à parler et à me mêler aux footballeurs professionnels, et j'ai remarqué qu'il leur était très difficile d'exprimer leurs problèmes et de se battre pour leurs droits. Il y avait énormément d’injustices. Ils n'étaient pas payés et ne savaient pas quoi faire. Pour moi, ils méritaient mieux. Le football est le sport numéro un en Malaisie. Le salaire est assez bon, mais le secteur ne respecte guère les joueurs ; il devrait les traiter mieux. Tout ceci m’a motivé, et c'est ainsi que nous avons commencé à constituer le syndicat de footballeurs en Malaisie. Je suis arrivé avec ma vision universitaire, les joueurs avec la leur, et ensemble nous avons mis en place cette organisation. Puis le président m'a demandé de devenir directeur général, et c'est ainsi que tout a commencé il y a huit ans. »
Quelles sont vos principales réussites ?
« Le plus grand jour a été celui où notre syndicat a été reconnu par la fédération comme la seule instance de négociation collective des joueurs en 2017, lorsque nous avons signé le premier protocole d'accord. Maintenant, nous voulons commencer à parler de négociation collective avec la ligue. Je pense qu'il est temps pour nous d'avoir ce débat, de manière à mieux protéger les joueurs.
Dans cette partie du monde, nous n'étions pas habitués au syndicalisme. Nous avons eu des retours de bâton, des menaces. Il n'a pas été facile pour le football malaisien de faire évoluer les mentalités en considérant les joueurs non pas comme une simple marchandise, mais la partie prenante la plus importante, celle à consulter pour toute politique ou réglementation relative au jeu. En huit ans, j’estime que l'état d'esprit a changé. Pour chaque question concernant les joueurs, on nous écrit, ou du moins on nous appelle, et on nous demande : ‘ Izham, c’est bien, ça, pour les joueurs ? ‘. Je pense que cette marque de respect est en fait notre plus grande réussite. »
Que proposez-vous pour le comité directeur ?
« Le travail au sein de la FIFPRO peut parfois être assez eurocentré. Le football devenant de plus en plus international, j'aimerais que l'Asie participe davantage aux discussions sur les problèmes mondiaux. C'est à Katherine Gill, ma collègue du Comité directeur Asie, et à moi-même qu'il incombe d'apporter plus de diversité dans les débats. Nous venons de cultures différentes, de religions différentes et sommes de sexe différent. À mon sens, c'est un atout pour l'organisation. Il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir du multiculturalisme dans le football mondial.
Pendant longtemps, dans le football, l'Asie a été considérée comme un grand continent sans avenir. Il est temps pour nous de considérer l'Asie comme un continent offrant des opportunités, un potentiel, et je pense que cela reflète la façon dont nous faisons les choses en Asie. Aujourd'hui, nous avons une division forte en Asie et nous prévoyons également de nous élargir au fil des ans. Le football est un jeu mondial et il faut voir l'Asie comme ‘the place to be’ ».
Quels sont les problèmes auxquels l'Asie est confrontée ?
« Ce sport suscite un énorme intérêt, mais d’une façon générale, la profession de footballeur est peu respectée. Les clubs et les fédérations ne respectent pas les contrats et les salaires ne sont pas versés. Ce sont des problèmes fondamentaux, il faudra les résoudre. Nous ne parlons pas des clubs ou des joueurs de haut niveau, mais des ligues inférieures. Je pense que la pandémie n'a pas aidé. En fait, elle a mis en évidence la vulnérabilité de la situation en Asie. De nombreux clubs ont évoqué la pandémie comme une excuse pour des problèmes bien antérieurs.
Grâce à la FIFPRO et à la FIFA, nous avons un projet visant à établir des chambres nationales de résolution des litiges (CNRL). Après cinq ans de plaidoyer, de négociation et de rédaction, nous avons récemment établi une CNRL en Malaisie, basée sur une représentation égale, qui changera véritablement la donne.
Il nous faut un meilleur système de résolution des litiges et un meilleur contrat standard pour les joueurs : deux aspects clés pour nous permettre d'avancer en Asie, à déployer sur tout le continent, et pas seulement dans quelques pays. J'espère que nous pourrons unir nos forces et nos ressources à l’échelle du continent pour aider nos membres à s'attaquer à ces problèmes. »