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ACROSS THE BOARD Geremie Njitap Website

La FIFPRO a présenté un Comité directeur de 18 personnes, le plus diversifié des 56 ans d’histoire de syndicats de joueurs mondiaux, lors de son assemblée générale en novembre 2021.

Across the Board envisage d’établir le profil des 18 membres du Comité directeur. Voici le prochain : Geremie Njitap du Cameroun, qui représente l’Afrique.

Geremie Njitap

• Ancien milieu de terrain, sélectionné 118 fois en équipe du Cameroun
• Il a remporté la médaille d’or olympique (2000), la Coupe d’Afrique des nations (2000 & 2002)
• En club, il a joué pour le Real Madrid, Chelsea, Newcastle United et Genclerbirgligi
• Il a remporté deux fois la Ligue des champions avec le Real Madrid (2000 & 2002)
• Président de la FIFPRO Afrique depuis 2017
• Membre du comité de la FIFPRO depuis novembre 2017
• Vice-président de la FIFPRO depuis novembre 2021

Comment vous êtes-vous retrouvé impliqué dans le syndicat de joueurs ?

Geremie Njitap: Quand j’étais encore joueur de l’équipe nationale, j’ai rencontré David Mayébi, l’ancien président de Synafoc et ancien membre du Comité directeur mondial de la FIFPRO. Il rendait souvent visite à l’équipe nationale et nous parlait de l’importance d’être membre du syndicat. Il m’a convaincu. J’ai encore ma première carte d’adhésion. David et moi étions très proches et lorsque j’ai raccroché les crampons, il a commencé à m’amener aux réunions. Ma première assemblée générale de la FIFPRO a eu lieu en 2012, à Washington DC. Je l’ai trouvée très intéressante, et j’ai commencé à aimer la FIFPRO. J’ai commencé à découvrir ce que tous ces gens faisaient pour le bien des footballeurs, ce que je ne pouvais pas voir quand j’étais encore en activité. David m’a expliqué comment ils luttent pour que les joueurs récupèrent l’argent qui leur est dû, ce genre de choses. Ça m’a motivé, et David a vu ça. Il a vu en moi son successeur.

Malheureusement, David est décédé en 2016. J’ai été élu pour lui succéder à la Synafoc, ainsi qu’aux Comités directeur de la FIFPRO Afrique et du Comité directeur mondial de la FIFPRO. Dans le même temps, je me suis préparé pour devenir manager, en suivant des études au MIP de l’UEFA. Je veux transmettre aux jeunes joueurs africains. Il y en a tant qui veulent devenir joueurs professionnels et qui rencontrent beaucoup d’obstacles. Leurs chances de parvenir à leurs fins sont très minces. Mais je veux les aider à devenir les meilleures footballeurs professionnels possibles. C’est ma motivation quotidienne.

L'une des principales réussites est que la Synafoc soit maintenant beaucoup plus visible au Cameroun. Tout le monde me reconnait au Cameroun et sait que je suis représentant du syndicat. Nous devons encore faire beaucoup d’améliorations, mais nous sommes sur le bon chemin. Le président actuel de la fédération de football est Samuel Eto’o, mon ancien coéquipier en équipe du Cameroun. Notre relation est très bonne et ensemble nous pouvons développer une fondation solide. Quand je l’appelle ou que je lui écris, il prend immédiatement l’affaire au sérieux et m’aide. Étant lui-même un ancien joueur, il ne peut pas accepter qu’un footballeur ne reçoive pas son salaire. C’est une grande opportunité pour le syndicat, et c’est mon objectif de signer une convention collective. Nous avons commencé à écrire une proposition.

GA Africa Geremi Njitap Douala 1

Qu’envisageons-nous de réaliser avec la FIFPRO Afrique ?

En Afrique, des pays comme l’Algérie, l’Egypte, le Maroc et l’Afrique du Sud sont les plus professionnels. Mais dans d’autres pays, nous rencontrons des problèmes similaires : non-paiement, joueurs mis à l’écart de l’équipe, violation de contrat etc. Si nous voulons résoudre ces problèmes, nous devons aussi aider la CAF, la confédération de football d’Afrique. Nous devons entretenir de bonnes relations avec elle, et je pense que c’est le cas. L’année dernière, nous avons signé un Mémorandum d’entente et plusieurs représentants de syndicat ont rejoint les comités de la CAF. Nous devons aussi nous occuper de nous-mêmes. La CAF compte 54 associations membres, la FIFRO Afrique seulement 11 syndicats. Nous devons augmenter nos adhésions et nous y travaillons, mais la qualité est plus importante que la quantité. Nous ne voulons que des syndicats forts, et nous collaborons seulement avec les gens en qui nous avons confiance.

Une bonne relation avec la CAF facilite notre travail. Lors de la Coupe d’Afrique des nations féminine au Maroc en juillet, je faisais partie de la délégation de la FIFPRO qui a rendu visite aux cinq équipes nationales : Botswana, Burundi, Cameroun, Sénégal et Zambie. La CAF nous a donné l’autorisation de les rencontrer. Ces réunions avec les joueuses internationales sont très importantes car elles nous permettent d’aider à faire passer notre message dans leur ligue ou dans leur pays. Nous avons informé les joueuses de notre travail, de ce que nous faisons pour elles. Bien sûr, nous les avons aussi écoutées, car nous pouvons aller voir la CAF ou la FIFA et demander des améliorations pour elles grâce à leurs informations.

Nous pensons que les filles ont apprécié ces réunions, puisque certaines réunions de 30 minutes ont finalement duré plus d’une heure. Nous resterons en contact avec elles. Nous voulons faire des visites similaires avec les équipes nationales masculines lorsqu’elles joueront la Coupe d’Afrique des nations. En Afrique, lorsque les équipes nationales arrivent dans un tournoi, certains joueurs en profitent pour faire grève, par exemple, parce qu’ils n’ont pas reçu leurs salaires ou leurs bonus. C’est une honte. Nous devons éviter que ces choses-là arrivent. Quand un joueur arrive dans un tournoi, il doit être concentré, parce que c’est une opportunité incroyable pour lui.

Geremie Zambia Visit

Qu’est-ce qui vous rend enthousiaste dans votre travail ?

En tant que vice-président du Comité directeur mondial de la FIFPRO, ce qui me rend enthousiaste c’est de voir les améliorations sur les conditions de travail des joueurs dans les petits pays. Le football ne se joue pas seulement en Europe mais dans le monde entier. Et à travers mes différents rôles, je vais continuer d’essayer de faire en sorte que les pays signent une convention collective, car c’est le meilleur outil que nous avons en tant que syndicats de joueurs. Nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir. Mais je suis arrivé à ce poste parce que je voulais aider un joueur qui n’avait pas reçu son salaire depuis deux ou trois mois. Quand j’arrive à aider quelqu’un comme ça, et qu’il me dit « Merci beaucoup, j’avais vraiment besoin de cet argent », alors je considère que ma journée est réussie.