Aujourd’hui, nous mettons en avant le syndicat de joueurs portugais, le Sindicato Dos Jogadores (SJPF), qui a fêté son 50e anniversaire en février.
Le président du syndicat Joaquim Evangelista montre fièrement une vidéo de l’anniversaire du SJPF, qui a mis en avant l’ouverture du campus des joueurs du syndicat en ce jour spécial. « Le campus des joueurs est un projet qui vise à développer la relation entre les joueurs et la communauté, » explique Evangelista. « Nous avons maintenant l’infrastructure qui nous permet de développer des projets de responsabilité sociale, en utilisant le football comme outil. »
« Nous pouvons mettre à exécution notre plan d’éducation et aider les joueurs dans leur transition vers une nouvelle carrière après le football. Nous pouvons offrir aux joueurs sans contrat les conditions nécessaires pour un camp d’entraînement complet. Et nous fonderons une école de football dans laquelle les anciens joueurs (ou des joueurs sur le point de prendre leur retraite) développeront l’organisation et l’entraînement, ce qui leur garantira des opportunités d’emploi. »
Pour Joaquim, le campus des joueurs revient à construire un héritage. Il est actuellement dans son dernier mandat de président du SJPF, un rôle qu’il occupe depuis 2004. L’année dernière, il a été réélu en réunissant plus de 90 % des votes des joueurs.
« Tout ce que nous faisons laisse un héritage, mais parfois, certaines réalisations sont oubliées avec le temps et ne sont pas reconnues à leur juste valeur par les nouvelles générations. Nous avons construit notre campus pour la future génération de joueurs, et c’est à eux qu’il revient d’en tirer parti. »
Joaquim n’hésite pas à mentionner ses collègues du syndicat, qui ont été essentiels pour transformer le SJPF en une organisation respectée. « Ils aiment tous travailler avec les joueurs. Au fil des années, le SJPF a créé une image de crédibilité et d’indépendance. Nous ne luttons pas seulement pour les droits des joueurs, nous nous asseyons aussi aux tables où les décisions sont prises. C’est ce qui fait la différence pour nos joueurs. Nous pouvons participer à l’assemblée générale de la fédération du football (FPF), nous avons d’anciens joueurs au comité directeur de la FPF, et nous sommes présents au conseil national des sports. Nous utilisons les données et la recherche pour soutenir nos positions, et nous avons gagné en crédibilité grâce à la façon dont nous négocions collectivement avec la Ligue. »
« Pour le bien des joueurs, nous nous devons d’être autour de la table. On ne peut pas constamment lutter avec les clubs et les acteurs concernés. À la fin de la journée, si on veut réaliser quelque chose, il faut travailler avec la FA, la ligue, les clubs, le gouvernement. On a besoin d’eux, on ne peut pas y arriver tout seuls. »
L’une des forces du SJPF est d’organiser ses joueurs. « À la fin de la journée, un syndicat doit avoir une direction, un plan stratégique avec une vision claire, et vous devez toujours rester proche de vos membres : les impliquer, leur parler de leurs doutes. Par-dessus tout, vous devez avoir le courage de prendre position, même si celle-ci n’est pas consensuelle, avec la conviction qu’il s’agit de la meilleure posture à avoir pour tous les joueurs, car si le syndicat ne le fait pas, personne d’autre ne le fera à sa place. »
Comme le montre l’objectif du campus des joueurs, le SJPF apporte plus qu’un simple soutien juridique. Il travaille sur différents projets en tenant compte de la recrudescence de demandes des joueurs. « Nous regardons les joueurs dans une perspective globale, ils sont plus que des footballeurs. Il faut les impliquer, les inviter à être ambassadeurs de quelque chose qui leur tient à cœur, comme nous l’avons fait avec les anciens joueurs de l’équipe nationale Abel Xavier et Maniche. Xavier a son projet de communauté, et Maniche un projet de start-ups. »
« Nous voulons partager tout ce que nous faisons grâce au réseau de la FIFPRO, car nous pensons avoir le devoir d’informer et d’inspirer les autres syndicats membres , et nous attendons d’eux qu’ils fassent de même. Ce n’est que comme ça qu’il est possible d’identifier ce que nous faisons correctement, ce que nous pouvons améliorer, et les nouveaux domaines que nous devrions explorer. »
Pour Joaquim, la communication est l’un des aspects essentiels des syndicats. Il a même une colonne dans l’un des plus grands magazines sportifs du Portugal, Record, et il pense que cela prouve que le statut du syndicat est reconnu. « Nous avons toujours été transparents et collaboratifs avec les médias. Dans cette colonne, en tant que président du SJPF, j’ai l’opportunité d’informer le grand public sur les problèmes qui sont importants pour les joueurs. Dans une situation normale, je ne pourrais pas le faire avec la même portée. »
Le syndicat portugais est l’un des plus anciens, et Joaquim et ses collègues aimeraient partager l’étendue de leur expérience avec d’autres syndicats membres de la FIFPRO. Récemment, le SJPF a aidé à mettre en place le syndicat des joueurs angolais, l’ANFA.
« Notre conseil pour les autres syndicats membres de la FIFPRO est de franchir les étapes petit à petit mais avec régularité. Ceux qui commencent à zéro doivent trouver leur place dans l’industrie, et réaliser que nous représentons les protagonistes, les acteurs essentiels du football. Nous devons travailler sur l’implication des joueurs, renforcer la relation avec les autres acteurs et générer une certaine reconnaissance pour le travail que nous avons accompli. »
« En dehors de cela, j’ai appris que les caractéristiques essentielles d’un syndicat sont de prendre des initiatives, d’être indépendant et d’être combatif. »