« Piliers syndicaux » est une série d'interviews qui met en lumière les personnes qui, au sein des associations membres de la FIFPRO, se consacrent à l'amélioration du bien-être des footballeurs professionnels dans leur pays.
Markéta Haindlová est présidente de l'Association tchèque des footballeurs (CAFH) et membre du conseil d'administration de la FIFPRO Europe.
Quel est votre poste actuel et quelle est votre formation ?
Je me décrirais comme un juriste professionnel avec une grande passion pour le football et la justice. Je suis présidente de la CAFH et je n'ai pas de journée type. J'apprécie d'avoir le temps de préparer mes enfants pour l'école, de me promener avec mon chien le matin et de commencer la journée au bureau.
Quelle est la question qui vous passionne le plus en matière de bien-être des joueurs ?
Nous assistons les joueurs pour toutes les questions relatives aux contrats - que ce soit avec des clubs, des agences ou des accords commerciaux - et je pense qu'il est crucial qu'un joueur nous contacte avant de signer tout document. Trop souvent, lorsqu'un joueur nous contacte après la signature du contrat et qu'un problème est déjà survenu, nous devons faire face à des conséquences qui auraient pu être évitées si nous avions été consultés à temps. C'est pourquoi, pour moi personnellement, la priorité la plus importante est la prévention : un véritable soutien signifie commencer à travailler avec un joueur le plus tôt possible, et ne pas attendre que le problème soit sur la table.
Pouvez-vous nous faire part de l'un des moments dont vous êtes le plus fier en tant que représentant syndical ?
Je suis fier de chaque moment où nous avons pu aider des joueurs dans des situations difficiles, qu'il s'agisse d'un litige avec un club, un agent ou quelqu'un d'autre. C'est dans ces moments-là que je vois la véritable valeur de notre travail, car les joueurs savent qu'ils ne sont pas seuls.
Je suis également très fière de nos projets Shoes4Life et Čistá hlava (Esprit clair). Grâce à eux, nous faisons passer le message que la santé mentale est aussi importante que la santé physique pour les athlètes. Nous montrons également que le football peut apporter de la joie à tout le monde, même aux enfants ou aux jeunes joueurs qui n'ont peut-être pas les moyens de s'offrir un équipement de base. Avec notre fondation, nous essayons de les soutenir et de montrer que l'amour du football ne connaît pas de frontières.
Nous sommes également parvenus récemment à un accord avec la Fédération tchèque de football et avons signé un protocole d'accord. Cette signature a été précédée de longues négociations, mais a finalement abouti à un document qui renforce la position de la CAFH et, surtout, engage les parties à un dialogue plus régulier dans des domaines d'intérêt mutuel.
La CAFH signe un protocole d'accord avec la fédération tchèque
Y a-t-il quelqu'un dans le monde syndical ou dans le sport en général qui vous inspire ?
Certains seront peut-être surpris d'apprendre que je ne parle pas d'un athlète, étant donné que j'ai travaillé toute ma vie dans l'industrie du sport, mais mes idoles sont ma grand-mère, ma mère et ma fille. Ma grand-mère et ma mère m'ont appris l'humilité, mais en même temps elles me soutiennent toujours dans la réalisation de mes objectifs et de mes rêves. Et ma fille me prouve chaque jour qu'il n'y a pas de problèmes insolubles ; nous, les adultes, manquons juste parfois de créativité et de patience.
Comment restez-vous motivée en tant que femme travaillant dans l'industrie du football ?
Je reste motivée précisément parce qu'il n'y a pas encore beaucoup de femmes dans le football, et je veux que cela change. Je crois vraiment que les femmes ont leur place dans ce milieu et je veux être la preuve vivante que c'est possible. Lorsque vous faites ce que vous aimez, la motivation vient naturellement. Et lorsque vous pouvez également inspirer d'autres femmes à ne pas avoir peur d'entrer dans ce monde, c'est encore plus logique. Je veux montrer que le football n'est pas réservé aux hommes : c'est un espace pour tous ceux qui veulent apporter leur contribution, quel que soit leur sexe.
Quelles leçons avez-vous tirées de votre étroite collaboration avec les footballeurs ?
L'une des principales leçons que j'ai apprises est l'immense valeur de l'écoute de leurs expériences et de leurs besoins individuels, en particulier en dehors du terrain. Au fil des conversations quotidiennes, j'ai compris que la situation de chaque joueur est unique : certains sont confrontés à des défis juridiques et contractuels, et beaucoup luttent contre des problèmes personnels ou de santé mentale qui restent souvent cachés. Ce n'est que lorsque nous prenons vraiment le temps de les écouter que nous pouvons adapter notre aide de manière efficace, qu'il s'agisse de négocier de meilleures conditions contractuelles ou d'assurer un soutien complet.
Quelle est la question émergente pour les joueurs qui, selon vous, mérite plus d'attention ?
La République tchèque fait partie de la minorité d'États de l'UE qui ne reconnaissent pas un sportif professionnel comme un employé, ce qui peut causer de sérieux problèmes pour un sportif, surtout à l'avenir en termes de pensions. Bien que la CAFH travaille en étroite collaboration avec l'association nationale de football et d'autres acteurs clés sur l'amélioration constante des conditions des footballeurs professionnels, il s'agit d'une question qui, selon moi, mérite plus d'attention.
Quel est votre meilleur souvenir de football ?
Je ne choisirais pas un souvenir en particulier ; cela me remplit simplement de fierté et de satisfaction lorsque les joueurs que nous avons aidés dans le passé reviennent et se sentent fiers d'être membres de notre association de joueurs, et aussi lorsqu'ils recommandent nos services à leurs coéquipiers. Le professionnalisme et la confiance sont des valeurs clés sur lesquelles notre association est bâtie.
La FIFPRO fête cette année son 60e anniversaire. Qu'est-ce que cela signifie de faire partie d'un syndicat mondial ?
Tout d'abord, je voudrais souhaiter un joyeux anniversaire à la FIFPRO et à tous ses membres. La FIFPRO a démontré sa raison d'être, par exemple en jouant un rôle clé dans la défense des droits des joueurs dans l'arène juridique, comme dans les cas de Jean-Marc Bosman et de Lassana Diarra. Ces affaires étaient très importantes, non seulement pour nous en tant que CAFH, mais aussi pour toutes les associations de joueurs opérant dans la région de l'Union européenne : cela envoie un message fort aux joueurs pour l'avenir, à savoir que s'ils sont injustement privés de leurs droits, il existe une association internationale forte et compétente qui protégera leurs intérêts avec succès.
La CAFH est fière de faire partie d'une association internationale aussi prestigieuse et forte. Cela nous donne confiance et une plus grande légitimité pour lutter pour les meilleures conditions et les meilleurs droits possibles pour les footballeurs professionnels en République tchèque.
