
L’histoire est en marche…
« L’ANFPG, par la force de son engagement, la constance de ses combats et la diversité des missions qu’elle mène au bénéfice des joueuses et des joueurs est un des membres qui tirent notre division continentale vers le haut.
« Et lorsque l’on connaît le contexte gabonais, la plus petite victoire dans la défenses des droits et des intérêts des footballeuses et des footballeurs, dans la reconnaissance de leur statut de travailleurs est un pas de géant vers un football plus juste, fait de respect des contrats, de justice sociale sur fond de dialogue social. Et de paiements des salaires. Forcément. »
Les mots transmis par Geremie Njitap, le président de la FIFPRO Afrique, ont donné le ton, fin décembre, à l’Assemblée générale de l’association nationale des footballeurs professionnels du Gabon (ANFPG) qui, la même journée, fêtait son dixième anniversaire.

Chronique des années de braise…
Certes existait-il au Gabon, avant l’ANFPG, une pseudo association de joueurs, totalement inféodée aux pouvoirs fédéral et politique, et largement subventionnée faut-il le préciser, inactive et surtout aussi utile à la défense des footballeurs que l’emploi du mercurochrome sur une jambe de bois.
Nourri au sein de l’UNFP, le syndicat français, le jeune et fougueux international qu’était alors Rémy Ebanega a tout de suite compris que cette association-là ne pouvait ni agir, ni parler, et encore moins combattre au nom des joueurs. Flanqué d’Axel Nguema et de quelques autres pionniers, l’ancien joueur d’Auxerre décida donc de créer l’ANFPG…
« Le 30 mai 2014 pour être précis, se souvient le président Ebanega, avec une ambition simple mais essentielle : défendre et promouvoir les droits et les intérêts des footballeurs gabonais et de tous ceux évoluant dans notre pays, tout en œuvrant pour l’amélioration de leurs conditions de travail et de vie. »
Il ne fut pas difficile de convaincre l’équipe nationale d’apporter son soutien à cette association de joueurs, indépendante et entièrement dévolue à la cause des footballeurs. Surtout ceux qui exercent leur métier au Gabon.
Et débutèrent ainsi de longues années de braise. Combien auraient-ils jeté l’éponge tout au long de ces dix ans car rien n’aura été épargné à l’ANFPG ? Tout y est passé, en effet, entre coups tordus, campagnes de dénigrement, traitrise – y compris de quelques membres fondateurs -, menaces proférées. Jusqu’à l’exil forcé du président, accusé à tord d’être à l’origine de la divulgation de l’exécrable affaire de pédocriminalité, des abus sexuels dans les sélections de jeunes révélée en 2022.
Mais rien n’a jamais pu altérer la volonté des membres de l’ANFPG, leur engagement pour la cause des joueuses et des joueurs, pour un football plus juste comme l’explique Rémy Ebanega.
« Ce parcours n’a pas été un long fleuve tranquille, c’est le moins que l’on puisse dire. Nous avons fait face à des défis de toutes sortes, il est vrai, mais jamais nous n’avons perdu de vue notre objectif. Il nous a fallu du courage, de la persévérance et, surtout, une foi inébranlable en la noblesse de notre mission. Celle qui a animé l’équipe de bénévoles des premiers que nous ne remercierons jamais assez d’avoir participé à cette formidable aventure ! »
« L’ANFPG n’est pas qu’une organisation ; c’est une réponse à un besoin urgent et vital. Nos footballeurs, qu’ils soient au sommet de leur carrière ou en quête de reconnaissance, méritent un cadre qui protège leurs droits, valorise leurs efforts et leur assure un avenir digne. C’est pour cela que nous avons gardé le cap, malgré les vents contraires. »

Sur tous les fronts…
N’en déplaise donc à certains, l’ANFPG a finalement pris la place qui lui revenait dans le paysage du football gabonais, et son histoire ne fait que commencer, qui continuera de s’écrire au printemps prochain dans un nouveau siège dont l’ANFPG est propriétaire. Il n’y a guère que le Cameroun, en Afrique, qui possède ses propres bureaux et ils ne sont pas si nombreux, parmi les 71 autres membres de la FIFPRO, à pouvoir s’en féliciter…
Au fil des années, l’ANFPG s’est illustrée comme un acteur majeur dans la défense des droits des footballeurs. Elle a plaidé pour des contrats respectueux, pour une prise en charge médicale adéquate, pour une meilleure gestion des retraites des joueurs, pour la reprise du championnat, pour le paiement des salaires des joueurs et pour la lutte contre toutes formes de discrimination et d’injustice. Elle a aussi porté une attention particulière au football au féminin, afin que les aspirations des joueuses soient reconnues et soutenues à la hauteur de leur talent.
« Chacune de nos victoires est une preuve supplémentaire que cette structure est indispensable. La mise en place d’un contrat standard et notre participation effective aux travaux de la Commission d’homologation des licences de la Ligue ne sont pas les moindres de nos succès, tout comme les actions que nous avons menées pour la reprise de notre championnat dont six journées ont déjà été disputées, en ce début janvier.»
Cela témoigne d’un dynamisme, d’une force et d’une inébranlable volonté qui forcent le respect et qui a permis d’inscrire l’ANFPG dans le temps.
« Nous savons, conclut Rémy Ebanega, que le plus grand défi reste devant nous : continuer à bâtir un avenir meilleur pour les footballeuses et les footballeurs du Gabon. Ensemble, avec leur soutien et leur engagement, nous continuerons à lutter, à innover et à construire un football gabonais qui inspire et rayonne au-delà de nos frontières. »
