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WE League

Les footballeuses japonaises se sont organisées avec l'aide de la Japan Pro-Footballers Association. 180 joueuses ayant un contrat professionnel ont rejoint le syndicat.

Sachant qu'une nouvelle ligue de football professionnel féminin (la WE League) serait lancée lors de la saison 2021/22, la JPFA a décidé l'année dernière de commencer à organiser les joueuses. Pour mener à bien ce projet, le syndicat a fait appel à l'ancienne joueuse des Urawa Red Diamonds Ladies, Noriko Matsuda, pour la porter au poste de responsable du football féminin.

Celle-ci a bénéficié du soutien de Takuya Yamazaki, président de la FIFPRO Asie/Océanie, de Junichi Takano, secrétaire général de la JPFA, et d'Aya Miyama, ancienne championne du monde et membre du comité directeur de la FIFPRO Asie. Une autre gagnante de la Coupe du monde 2011, Yukari Kinga (actuellement au Sanfrecce Hiroshima Regina), a joué un rôle important en assurant la liaison avec les joueuses de l'équipe nationale actuelle et celles de la sélection 2021.

Le projet a reçu le soutien financier du Fonds de développement et de renforcement des capacités de la FIFPRO.

Matsuda a d'abord évoqué avec les joueuses la manière dont elles souhaitaient s'organiser. « Elles ont décidé qu'elles voulaient faire partie de la JPFA, car elles bénéficieraient de l'expérience du syndicat, qui soutient les joueurs hommes depuis 1996 ».

« C'était un énorme avantage de pouvoir faire appel à leur expertise, à leur réseau et à leur infrastructure. Nous avons reçu beaucoup de conseils par le biais de la structure masculine, que nous avons essayé de reproduire ».

La WE League est composée de 11 clubs, et chaque équipe doit avoir au moins 15 joueurs avec un contrat professionnel. « La plupart des joueuses touchent des revenus suffisants pour couvrir leurs frais de subsistance, mais elles ne peuvent pas vraiment économiser de l'argent ou vivre dans le luxe ».

Le plus grand défi de Matsuda a été de convaincre les joueuses de devenir membres. Elle a effectué plusieurs visites pour expliquer ce qu'un syndicat pouvait faire pour elles. « Lorsque tout le monde n'était pas convaincu, j'impliquais des joueuses de l'équipe nationale pour les persuader ».

JPFA Noriko Matsuda

Parmi ces joueuses de l'équipe nationale il y avait Saki Kumagai, ancienne défenseuse de l'Olympique Lyonnais et actuellement au Bayern Munich, ainsi que capitaine de l'équipe nationale. « Culturellement, nous ne parlons pas beaucoup d'argent au Japon », explique Kumagai, qui a marqué le penalty gagnant lorsque le Japon a remporté la Coupe du monde 2011. « Nous hésitons à défendre nos intérêts individuels et nous n'avons pas une très bonne estime de nous-mêmes ».

« Par exemple, si nous n'avons pas produit de bons résultats, nous avons tendance à nous retenir de parler, c'est donc la plus grosse difficulté. Il nous faudra encore du temps pour atteindre le même niveau que les pays qui sont parvenus à l'égalité salariale ». 

Matsuda a évoqué une anecdote au sujet des joueuses de l'équipe nationale du Japon. « En amont de la Coupe d'Asie féminine de l'AFC qui aura lieu en Inde en janvier prochain, nous avons demandé à l'équipe nationale féminine quels étaient ses souhaits pour ce tournoi. Nous avons ensuite rencontré la Japan Football Association (JFA) et lui avons demandé de trouver un chef, un meilleur hôtel et un meilleur soutien médical pour l'équipe féminine.

« La fédération de football a mis en place ce que nous avions demandé. Les joueuses de l'équipe nationale ont remarqué des améliorations concrètes avec l'aide de la JPFA, et elles ont fait part de leurs expériences à leurs coéquipières lorsqu'elles sont revenues de la Coupe d'Asie ».

Cela a été utile, confie Matsuda. « Au total, 180 joueuses se sont inscrites en tant que membres, ce qui signifie que toutes les joueuses professionnelles nous ont rejoints ».

Kumagai souligne l'importance de l'union des joueuses. « Avant la création du syndicat, la plupart des joueuses ne comprenaient pas ce qu'était un syndicat. Mais maintenant, je pense que nous sommes enfin en mesure de leur montrer l'importance d'en avoir un et les choses qui peuvent être réalisées grâce à lui. La réalité est qu'en dehors de l'équipe nationale, peu de joueuses connaissent le mouvement syndical. Il y a donc encore des progrès à faire, mais je suis convaincue que c'était une étape très importante pour le Japon ».

Japan Women National Team

En tant que responsable du football féminin, Matsuda est constamment en contact avec les joueuses. « Notre objectif est d'aider davantage d'entre elles à devenir footballeuses professionnelles, car les joueuses dans chaque équipe qui ont un contrat professionnel se limite à environ 15. Un autre objectif est de parvenir à un accord sur les droits d'image collectifs, ce qui garantirait des revenus supplémentaires à l'association des joueuses et leur profiterait par voie de conséquence ».

Kumagai porte un regard positif sur les progrès réalisés. « Je pense qu'avec le lancement de la WE League, les joueuses sont désormais plus conscientes de leurs droits en tant que professionnelles. Défendre nos droits en tant que travailleurs n'est pas chose facile pour les Japonais. En ce sens, le syndicat féminin sera certainement d'une grande aide pour les joueuses, et je suis vraiment heureuse qu'il ait été créé ».