Technologie des données sur les performances des joueurs : Avantages et risques

Le football professionnel est un sport de spectateur mondial, et ses joueurs ont toujours été sous les projecteurs. Mais aujourd'hui, les nouvelles technologies numériques, des appareils qui peuvent suivre chaque mouvement et chaque passe aux outils d'intelligence artificielle capables de prédire le comportement d'un joueur, ont exposé les athlètes à un contrôle de plus en plus minutieux.

Dans un monde où les nouvelles plateformes peuvent partager leurs données avec n'importe qui, il n'est pas surprenant que les joueurs se sentent à la fois enthousiastes et inquiets. C'est ce que nous apprend l'Enquête de la FIFPRO sur les données des joueurs. Elle nous aide à comprendre comment les joueurs perçoivent les avantages et les risques. L'enquête envoie un message clair : les joueurs ont besoin d'informations fiables, de règles efficaces et d'une gouvernance forte.

De nouvelles technologies, de nouvelles règles

Si de nombreux joueurs sont protégés par des lois internationales telles que le Règlement général sur la protection des données de l'Union européenne, ils les connaissent et les comprennent rarement. Pire encore, l'absence de ce type de lois dans certaines régions signifie que les règles du jeu sont inégales : certains footballeurs sont protégés, mais beaucoup ne le sont pas. L'autorégulation offre une solution : les instances du football professionnel pourraient volontairement adopter une « Charte des droits des joueurs » qui consacrerait les droits fondamentaux de l'individu à : 

• Droit d'être informé
• Droit d'accès
• Droit de révocation
• Droit de restriction du traitement
• Droit à la portabilité des données
• Droit de rectification
• Droit de réclamation
• Droit à l'effacement

Cette Charte devient d'autant plus urgente que les nouvelles technologies voient le jour à une vitesse vertigineuse. Les joueurs ont compris que les données pouvaient renforcer leurs performances. Ils l'acceptent comme une conséquence inévitable de l'évolution des technologies de surveillance. L'Enquête de la FIFPRO montre qu'ils sont très intéressés par la manière dont leurs données de performance peuvent mettre en évidence les passes, les duels ou la distance parcourue.

80 % des sportifs interrogés, indépendamment du sexe et de l'âge, souhaitent comparer leurs performances d'un match à l'autre. Mais la plupart d'entre eux estiment également qu'il est important de contrôler l'accès à leurs données individuelles.

Alors que la plupart d'entre eux aimeraient comparer leurs performances avec celles de joueurs se trouvant dans la même situation dans d'autres équipes, 50 % de ceux interrogés (de manière quelque peu paradoxale) ne souhaitent pas partager leurs données avec leurs adversaires. 

Même s'ils reconnaissent l'importance croissante des données sur les performances dans le football moderne, ils sont nombreux à ne pas savoir comment y accéder ni qui peut les utiliser et à quelles fins. Peu de joueurs pensent que l'industrie du football apporte un cadre clair, adéquat et cohérent qui régit la manière dont les données des joueurs sont collectées et utilisées.

Cela peut expliquer pourquoi 38 % n'ont qu'une confiance limitée dans la capacité des données à représenter fidèlement leurs performances. Le manque d'information et de confiance est particulièrement présent chez les joueurs âgés de 32 ans et plus. 

Des solutions techniques et juridiques

La complexité des données personnelles exige que nous envisagions ensemble des solutions techniques et juridiques. Dans le football professionnel, cela implique de répondre aux problématiques suivantes :

• le manque d'informations sur les personnes qui peuvent accéder aux données de performance et à quelles fins ;
• la confiance limitée vis-à-vis de l'exactitude des données ;
• les informations limitées sur l'utilisation étendue des données au-delà de leur finalité initiale ;
• le manque perçu de contrôle sur l'accès et la diffusion des données.

La façon dont les joueurs utilisent la technologie est également importante. Les personnes les plus intéressées par l'analyse de leurs données les consultent principalement sur leurs smartphones, dès qu'elles sont disponibles. Les instances du football sont ainsi invitées à centraliser les données sur les performances dans un ensemble commun d'applications et à les présenter de manière cohérente, en permettant aux joueurs, aux clubs et aux tiers, y compris les partenaires commerciaux et les médias, de choisir comment ils accèdent à ces données et les utilisent.

Ce type d'approche permettrait de rassurer les joueurs et de renforcer leur confiance. Les applications pourraient se concentrer sur les championnats nationaux ou les tournois internationaux en encourageant les instances du football et les organisateurs des compétitions concernés à travailler en étroite collaboration avec les entreprises technologiques.

La technologie n'est jamais bonne ou mauvaise en soi. Tout dépend de la façon dont nous l'utilisons et des raisons pour lesquelles nous nous en servons. Les données relatives aux performances des footballeurs professionnels ne font pas exception.

Ceux-ci peuvent désormais améliorer chaque partie de leur jeu, grâce aux nouveaux outils numériques qui mesurent leur force, leur santé et leurs performances sur chaque brin d'herbe. C'est un niveau de contrôle sans précédent qui exige des règles claires et une application adéquate. Pour les instances dirigeantes du football, il s'agit-là d'un grand test auquel elles ne doivent pas échouer.