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Andy Brennan après son coming out : « Je n’arrive pas à croire à quel point mon expérience a été positive »

Inclusion L'histoire du joueur

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Depuis son coming out en 2019, Andy Brennan a pris des mesures pour lutter contre l’homophobie dans le football. Il persiste à dire que l’éducation et la sensibilisation sont les clés pour créer un environnement plus inclusif dans l’industrie.

Brennan est le premier footballeur gay australien ouvertement affirmé. Les réactions ont été très positives, mais il reconnait qu’il doit y avoir de nombreux joueurs plongés dans la même situation de solitude que celle dans laquelle il se trouvait il y a deux ans seulement.

L’attaquant de 28 ans de Hume City partage son histoire avec la FIFPRO, dans l’espoir que ses expériences encourageantes fournissent aux autres de l’assurance, tout en sensibilisant sur les comportements et le langage qui peuvent avoir des effets négatifs non intentionnels sur la communauté LGBT+.

En regardant en arrière la façon dont je me sentais, je n’arrive pas à croire à quel point mon expérience a été positive. Tout le monde a fait preuve d’amour et de soutien, et je n’avais pas imaginé une seule seconde pouvoir être aussi heureux que je ne le suis aujourd’hui.

J’étais très inquiet au sujet de la réaction des gens, j’avais peur de perdre des amis ou que mes coéquipiers soient dérangés par ma présence dans les vestiaires, ou peut-même de ne plus pouvoir jouer, peut-être que les équipes n’allaient plus vouloir de moi parce que j’étais gay.

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Toutes ces choses me dissuadaient de m’exprimer, jusqu’au moment où j’ai décidé que ça ne pouvait plus durer. Je me projetais dans dix ans, et je me disais que je ne pouvais pas nier ma véritable personnalité à 35 ans. J’avais cette vision déchirante de moi-même en train de fonder une famille, de la fonder sur un mensonge. Je ne pouvais pas me faire ça, ni le faire à qui que ce soit d’autre d’ailleurs. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de ne plus avoir peur : si mes amis ne pouvaient pas accepter cette partie intégrante de moi-même, si le football ne voulait plus de moi, alors je ne voulais plus d’eux dans ma vie non plus.

Depuis cette décision, je n’ai jamais reçu la moindre discrimination directe de la part des joueurs ou des fans, et j’en suis très reconnaissant. Néanmoins, cela ne veut pas dire que mes peurs étaient infondées, et ce sont des peurs que certains autres joueurs doivent ressentir et dissimuler. Pour que le football devienne un environnement plus accueillant pour ces joueurs, nous devons nous occuper des abus homophobes, mais aussi des manières plus subtiles, et parfois non intentionnelles, de traiter négativement la communauté gay.

Quand j’étais jeune, « c’est tellement gay » était une expression qui était tout le temps utilisée quand il fallait dénigrer quelque chose, et j’admets y avoir contribué parce qu’il s’agissait d’une expression vraiment commune. Cela n’a peut-être l’air de rien pour certains, mais en réalité cela développe une connotation selon laquelle être gay est quelque chose de négatif, et il m’a fallu beaucoup de temps pour reconditionner ça dans ma tête.

Il y a plein d’autres exemples de langages et de mots, bien pires, associés aux personnes gays avec des caractéristiques négatives, et avant mon coming out, je pensais que c’était de cette façon que tout le monde me percevrait en découvrant mon secret. Je n’avais pas de modèle ou de joueur gay sur lequel me baser, et qui m’aurait permis de voir quelqu’un vivre sa vie malgré sa sexualité différente, alors je ne pouvais pas entrevoir un monde dans lequel je pourrais être accepté.

Maintenant que j’ai ouvertement annoncé que je suis gay, je peux expliquer aux gens pourquoi je trouve leurs commentaires blessants, et leur dire que ces paroles ont eu un effet vraiment négatif sur mon évolution. Et quand j’en parle, je reçois toujours des réponses positives. Certains de mes coéquipiers ont commencé à reprendre d’autres personnes qui parlaient de façon inappropriée, même en mon absence. C’est incroyable de voir à quelle vitesse l’éducation et la compréhension peuvent se diffuser pour créer un environnement plus progressiste.

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Mon coming out a été une décision totalement personnelle, et je n’avais jamais envisagé que mon ouverture puisse représenter une étape positive pour d’autres personnes, pas seulement dans le vestiaire, mais pour les fans également. J’ai reçu de très nombreux messages de personnes déclarant être très heureux qu’une personne sous le feu des projecteurs s’affirme ainsi sans avoir peur d’être jugée pour ce qu’elle est. J’ai trouvé ça vraiment puissant, que des individus tirent du courage de mon expérience et que mes choix aient fait une différence dans leurs vies.

Je rêvais d’être footballeur professionnel parce que je voulais être le meilleur et jouer au plus haut niveau, et maintenant j’ai la même volonté, mais pour une raison complètement différente. J’aurais aimé jouer au top de la hiérarchie du football mondial pour l’impact que j’aurais eu en faisant mon coming out. Imaginez la quantité de gens que j’aurais touchée et les progrès qui auraient pu être réalisés pour la communauté gay de ce sport si j’avais joué en Premier League.

Je sais que ce n’est pas pareil de dire ça en Australie où le sport n’est pas omniprésent comme à certains autres endroits du monde, mais la façon dont je me suis senti au moment de faire mon coming out, j’aurais pu donner n’importe quoi pour qu’on m’accepte pour ce que je suis. J’étais prêt à renoncer au football, et aucune gloire ni aucun argent n’aurait changé ça.

J’espère que dans un futur proche, des joueurs auront la confiance nécessaire pour faire leur coming out à ce niveau, sans avoir à envisager des ultimatums de carrière. Il est de notre devoir de créer une société dans laquelle les gens se sentent assez confiants pour le faire.