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Le syndicat canadien : « Nos joueurs ne sont pas des athlètes privilégiés, qui roulent sur l’or »

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Les footballeurs professionnels du Canada sont désormais membres de la FIFPRO, car le syndicat mondial des joueurs accueille le PFACan en tant que candidat membre.

Il y a un peu plus d'un an, Marcel de Jong, joueur de l'équipe nationale, a demandé à Dan Kruk s'il pouvait aider à constituer un syndicat de joueurs au Canada. Au cours de sa première année dans la toute nouvelle Premier League canadienne, De Jong avait remarqué que les droits des joueurs n'étaient pas aussi bien protégés que dans les trois autres pays où il avait exercé sa profession : les Pays-Bas, l'Allemagne et les États-Unis. Il a alors commencé à organiser les joueurs par l'intermédiaire du PFACan, en collaboration avec Kruk, qui avait déjà travaillé pour différents syndicats.

« C'est incroyable, tout ce que nous avons réalisé au cours de l'année depuis que j'ai rencontré Marcel », raconte Kruk à la FIFPRO. « Nous avons syndiqué plus de 90 % des joueurs et nous nous attendons à ce que la saison prochaine, ce soit le cas pour presque 100 % des joueurs. »

« Je suis fier de notre comité directeur », déclare quant à lui De Jong, qui en est le président. « Nous avons trouvé des joueurs qui sont prêts à prendre des risques et à mettre leur travail en jeu en affrontant la ligue et en essayant de régler nos problèmes. Et ça, c'est une véritable réussite ! »

Marcel De Jong Pacific 2 11

« Nos joueurs ne sont pas des athlètes privilégiés, qui roulent sur l’or. Nous ne parlons pas ici de centaines de milliers de dollars par saison, précise Kruk, Directeur exécutif. « Nous avons affaire ici à de véritables travailleurs. Plus de 50 % des joueurs gagnent moins de 22 000 dollars canadiens par an. Ne rêvons pas, c'est un salaire minimum dans la plupart des cas. » Au Canada, les salaires minimums sont régis par les provinces. Le salaire minimum le plus bas est de 23 500 dollars canadiens (Saskatchewan), le salaire minimum le plus élevé est de 31 200 dollars canadiens (Alberta). Selon le PFACan, le salaire moyen de subsistance est estimé à environ 25 000 dollars. « Pour être honnête, je ne sais pas comment certains joueurs s'en sortent. »

L'augmentation des salaires et l'établissement d'un salaire minimum sont deux des principales questions sur lesquelles De Jong et Kruk travaillent avec le conseiller juridique Paul Champ. Parmi les autres points importants, il y a une plus grande liberté de mouvement et un arbitrage plus équitable. Le PFACan a reçu des réclamations de divers joueurs qui ont rencontré des difficultés pour passer dans d'autres équipes. Les joueurs sont « gelés » : s'ils ne signent pas à nouveau avec leur équipe, les autres équipes ne les accepteront pas non plus. « Les clubs s'entendent entre eux sur les joueurs avec lesquels ils négocieront ou non. C'est de la collusion pure et simple », affirme Champ. « Ceci entrave le droit du joueur à négocier avec n'importe quel club. »

Le PFACan veut changer le système d'arbitrage, car tous les litiges sont désormais soumis au médiateur de la Ligue, qui n'est pas indépendant. En raison de la crise de la Covid-19, tous les joueurs ont subi une réduction de salaire de 25 % l'année dernière, ordonnée par la Ligue, même si certains clubs avaient suffisamment de ressources pour payer leurs joueurs et si une subvention salariale substantielle était accordée par le gouvernement fédéral. « Si vous voulez faire valoir que votre club a rompu votre contrat en réduisant unilatéralement votre salaire de 25 %, vous devez alors porter cette affaire devant le médiateur responsable de cette réduction. Encore un exemple d'injustice à laquelle les joueurs sont confrontés. »

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Le principal problème pour le PFACan est de créer une relation de travail avec la Ligue, qui a ignoré toutes les demandes de rencontre avec le syndicat de joueurs. « Nous voulons que les joueurs aient leur mot à dire et nous voulons être consultés sur les décisions qui sont importantes pour eux », défend Champ. « Nous voulons vraiment négocier la première convention collective pour les footballeurs au Canada ».

« Avec la Ligue, nous pouvons améliorer la Premier League et rendre le jeu plus attractif pour les joueurs dans notre pays », ajoute De Jong.

Enfin et surtout, le PFACan entend approfondir ses relations avec le syndicat des joueuses de l'équipe nationale féminine de Canada Soccer. « Nous voulons travailler avec elles dans un même cadre », déclare Champ. « Elles ont l'expérience et l'expertise nécessaires pour négocier avec l'Association canadienne de soccer. Ces connaissances et ce leadership nous aideront en tant que syndicat, notamment pour la négociation d'un contrat pour l'équipe nationale masculine ».

« Nous sommes en train de créer la prochaine génération de dirigeants du football dans ce pays. Certains d'entre nous au syndicat dirigeront de futurs clubs », soutient Kruk. « Ils feront partie de l'écosystème du football et ils manifesteront une empathie précieuse pour les conditions des joueurs. »